L'armée pakistanaise a annoncé samedi qu'elle avait placé ses troupes en état d'alerte avant la grande manifestation de partis d'opposition et d'avocats prévue dans la journée à Islamabad, la capitale.

Le gouvernement a averti qu'il empêcherait tout sit-in de manifestants devant le Parlement à Islamabad, ce qui faisait craindre une confrontation avec les forces de l'ordre. Islamabad dit agir par crainte d'un attentat terroriste. Dans le même temps, alors que la crise politique s'approfondit dans le pays, la ministre de l'Information Sherry Rehman a confirmé qu'elle avait démissionné. Elle n'a pas fourni de raisons à cette décision, qui fait cependant suite à une protestation d'une chaîne de télévision privée, accusant les autorités de censurer sa couverture des manifestations anti-gouvernementales.

Le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée, a précisé que l'ordre de mettre les troupes en alerte avait été donné dès vendredi par le gouvernement.

Les soldats pourront être déployés dans la capitale, afin de protéger des «zones sensibles», si le contrôle de la situation venait à échapper à la police et aux forces paramilitaires, a-t-il ajouté.

Le président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, a offert de négocier avec le dirigeant de l'opposition Nawaz Sharif pour tenter de sortir du bras de fer politique qui paralyse une nouvelle fois le Pakistan, un an à peine après le retour du pouvoir aux civils.

Le conflit a débuté avec le refus du président Zardari de réintégrer un groupe de juges limogés par son prédécesseur Pervez Musharraf. Le conflit s'est approfondi le mois dernier lorsque la Cour suprême a interdit à Sharif et à son frère toute fonction élective. Dans la foulée, Zardari a donc limogé le gouvernement du Penjab, principale province du pays, qui était dirigé par Shahbaz Sharif.

Depuis, la police a arrêté des dizaines de personnes dans tout le pays, y compris cinq personnes samedi lors d'un rassemblement d'avocats et de partisans de Sharif à Multan, dans le centre du pays.