Huit personnes ont été tuées mardi à Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan, dans une spectaculaire attaque contre l'équipe de cricket du Sri Lanka menée par des assaillants armés de fusils automatiques et de grenades, qui ont réussi à s'enfuir.

Une chasse à l'homme a été lancée à travers cette métropole de dix millions d'habitants, deuxième ville du Pakistan proche de la frontière indienne, pour retrouver les douze auteurs de l'attaque dans laquelle six policiers et deux civils ont été tués et sept joueurs de cricket blessés.

La police a indiqué dans la soirée qu'elle avait interpellé cinq personnes susceptibles de donner des informations sur les assaillants.

Les autorités pakistanaises ont dénoncé «une attaque terroriste planifiée» et l'ont comparée, par sa tactique, à celles menées en novembre par un commando islamiste à Bombay en Inde, qui avaient fait 174 tués, soulignant ainsi que le Pakistan était lui aussi victime du terrorisme.

Les assaillants, bien entraînés selon la police, ont ouvert le feu sur le convoi qui transportait les sportifs, déclenchant une fusillade avec les forces de l'ordre.

L'attaque s'est déroulée sur une place huppée, Liberty Square, proche du stade où le Pakistan et le Sri Lanka devaient disputer un match de cricket, le sport le plus populaire en Asie du Sud.

La rencontre a été annulée et les joueurs ont quitté le Pakistan dans la soirée.

Des témoins ont raconté que Liberty Square s'était transformée pendant de longues minutes en un champ de bataille, les tireurs embusqués derrière des arbres pour viser leurs cibles.

«Il y a d'abord eu une explosion, puis nous avons entendu les tirs. Une roquette a été tirée contre le bus mais l'a manqué de peu», a raconté à l'AFP un joueur de l'équipe.

Deux voitures piégées ont été découvertes à proximité, ainsi qu'un arsenal comprenant des grenades, des explosifs et un dispositif de mise à feu.

«L'importante quantité d'armes découverte donne à penser que les terroristes étaient bien préparés et bien organisés», a déclaré à l'AFP Habib-ur Rehman, le chef de la police de Lahore.

«Le projet semblait être de tuer l'équipe sri-lankaise, mais l'intervention de la police a obligé les assaillants à s'enfuir» à bord de véhicules volés, a-t-il ajouté.

L'absence de revendication et la cible - le Sri Lanka, un pays ami du Pakistan - laissaient la porte ouverte à de multiples hypothèses: islamistes tenus pour responsables des attentats qui ont fait plus de 1.600 morts à travers le Pakistan depuis juillet 2007, séparatistes tamouls en lutte contre l'armée sri-lankaise, services de renseignement indiens.

Le chef de la police du Pendjab, Khaled Farooq, a déclaré que les assaillants «semblaient être pachtounes», l'ethnie qui peuple les régions du nord-ouest du Pakistan, frontalières de l'Afghanistan et à laquelle appartiennent les talibans.

«Le Pakistan mène une guerre contre le terrorisme. C'était une tuerie ciblée», a-t-il dit.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a, lui, accusé «les ennemis de l'amitié entre le Pakistan et le Sri Lanka», deux pays d'Asie du Sud qui coopèrent notamment en matière de défense et entretiennent de difficiles relations avec l'Inde.

L'Inde et le Pakistan, rivaux de toujours, ne cessent de se renvoyer la responsabilité des attentats commis sur leur sol, et après les attaques de Bombay, New Delhi avait accusé le groupe islamiste Lashkar-e-Taïba, basé au Pakistan.

Mardi, l'Inde a encore une fois exhorté Islamabad à éradiquer le terrorisme sur son territoire. 

Photo: AFP

Une voiture de police a été criblée de balle à Lahore.