La Corée du Nord et le commandement de l'ONU ont mené lundi à la frontière intercoréenne des pourparlers militaires, les premiers depuis 2002, pour apaiser les tensions dans la région alors que la communauté internationale s'inquiète de la volonté de Pyongyang de lancer un «satellite».

Les pourparlers qui se sont tenus dans le village neutre de Panmunjon, au centre de la Zone démilitarisée (DMZ), ont débuté à 10h00 locales (20h00 HNE dimanche) et ont duré 32 minutes, a indiqué un porte-parole du commandement de l'ONU.«Ces discussions peuvent servir à établir la confiance et à éviter des malentendus, ainsi qu'à introduire de la transparence concernant les intentions des deux parties», avait affirmé peu avant le commandement de l'ONU.

Les discussions, les premières du genre depuis 2002, se sont tenues à la demande de la Corée du Nord «pour discuter (des moyens) de réduire la tension», selon le communiqué, qualifiant cette initiative du nord de geste «positif».

Un général de l'armée de l'air américaine menait la délégation du commandement de l'ONU, a rapporté l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Des généraux nord et sud-coréens étaient également présents, a précisé un porte-parole du commandement de l'ONU.

Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, le commandement de l'ONU supervise la zone frontalière entre les deux Corées connue sous le nom de Zone démilitarisée (DMZ).

Quelque 28 500 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud, pour épauler les 680 000 soldats sud-coréens alors que l'armée nord-coréenne dispose en face de 1,1 million de soldats.

Ces pourparlers sont intervenus deux jours après que la Corée du Nord eut appelé les troupes américaines stationnées en Corée du Sud à cesser leurs «provocations» dans la zone tampon entre les deux Corée sous peine d'une «réplique résolue».

Cet avertissement a été lancé dans un climat de tensions régionales accrues, alors que le régime communiste a annoncé mardi qu'il s'apprêtait à lancer un «satellite» au mépris des avertissements de Séoul et de Washington qui redoutent un tir de missile à longue portée.

Les ministres de la Défense sud-coréen et japonais, Yu Myung-hwan et Hirofumi Nakasone, se sont entretenus lundi au téléphone et ont convenu qu'un tel lancement interviendrait en violation de la résolution 1718 des Nations unies de 2006 stipulant que la Corée du Nord «doit s'abstenir de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique».

Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, a appelé dimanche le Nord à renoncer à ses ambitions nucléaires et à son programme de missiles, l'invitant à des discussions intercoréennes «inconditionnelles».

«La porte à un dialogue sans conditions est encore largement ouverte. Le Sud et le Nord devraient discuter dès que possible», avait-il ajouté, alors que l'émissaire américain pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth, doit se rendre cette semaine à Séoul, Tokyo, Pékin et Moscou.

M. Bosworth doit discuter des moyens de convaincre Pyongyang de renoncer à un test de missile et de reprendre les discussions à six sur sa dénucléarisation.

Les relations entre les Corée, toujours officiellement en état de guerre depuis le sanglant conflit de 1950-53, sont exécrables depuis l'arrivée au pouvoir du président sud-coréen Lee Myung-Bak en février 2008.

Pyongyang a décrété fin janvier la rupture de tous ses accords politiques et militaires avec le Sud, l'accusant de vouloir précipiter les deux pays «au seuil de la guerre».