Le gouvernement du Bangladesh a décidé de déployer l'armée pour traquer 1 000 paramilitaires recherchés pour une mutinerie sanglante qui a fait au moins 78 morts et plusieurs dizaines de disparus, a annoncé dimanche le premier ministre, Mme Sheikh Hasina.

Sheik Hasina a déclaré au parlement qu'elle avait donné l'ordre à l'armée de lancer l'«Opération chasse aux rebelles» pour arrêter les auteurs de la mutinerie qui a duré 33 heures à Dacca, la capitale du Bangladesh. Elle a indiqué que 668 membres des Bangladesh Rifles (BDR), une unité paramilitaire chargée de la protection des frontières, avaient déjà été arrêtés et que des mandats d'arrêts avaient été émis pour 1 000 autres, accusés de meurtres.

Le premier ministre a indiqué que l'armée serait déployée à partir de lundi et qu'elle avait demandé l'aide du FBI, la police fédérale américaine, et de Scotland Yard, la police britannique.

«J'ai eu des discussions avec Richard Boucher, le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Asie du Sud. Je lui ai dit que je souhaitais l'aide du FBI dans l'enquête», a dit le premier ministre.

«J'aimerais aussi que Scotland Yard nous aide, et j'envisage un soutien des Nations unies», a-t-elle ajouté.

Un responsable de la police à Dacca, Najbojit Khisa, a déclaré que certains des mutins pourraient être pendus s'ils étaient reconnus coupables d'avoir organisé la mutinerie.

Celle-ci s'est terminée jeudi dernier après que Sheikh Hasina eut menacé d'y mettre fin par la force lors d'une rencontre avec des représentants des Bangladesh Rifles.

Les corps de 78 militaires, essentiellement des gradés, ont été découverts depuis la mutinerie, mais 70 officiers étaient encore portés disparus dimanche.

La plupart des corps - certains criblés de balles ou portant des blessures de baïonnettes - ont été découverts dans des fosses communes dissimulées sous des feuilles ou des ordures. Le chef des BDR et son épouse figurent parmi les tués.

Des plongeurs ont remonté des corps des égouts et une opération était en cours pour nettoyer le système de drainage afin de s'assurer qu'aucun corps ne s'y trouvait encore.

Plusieurs centaines de soldats se sont présentés au quartier général des BDR à l'expiration de la date limite fixée pour qu'ils regagnent leur caserne.

«Je me cachais depuis quatre jours parce que j'avais peur des conséquences de ce qui se passait», a déclaré à l'AFP Hossain, 35 ans. «Je suis stupéfait de la barbarie de ces tueries. Quand j'ai entendu des tirs, je me suis enfui en vêtements civils», a-t-il raconté.

Des parents des personnes disparues, dont plusieurs n'avaient plus d'espoir de revoir leurs proches, observaient avec anxiété les recherches des services de secours.

Un responsable local, Syed Ashraful Islam, a indiqué «avoir les preuves de l'implication dans la mutinerie de personnes étrangères aux BDR», précisant qu'un tribunal spécial serait mis en place pour juger les responsables.

Dans cet État musulman laïc d'Asie du Sud secoué depuis deux ans par une crise politique, la colère couvait depuis des mois chez ces paramilitaires qui réclamaient une hausse de leur solde, des subventions pour leurs repas et davantage de congés. Le refus des officiers avait provoqué la révolte.

La rébellion a mis en lumière les frustrations ressenties par une large partie de la population dans un pays parmi les plus pauvres d'Asie, touché de plein fouet par la hausse des prix et où la corruption est endémique.

La plupart des corps - certains criblés de balles ou portant des blessures de baïonnettes - ont été retrouvés dans des fosses communes dissimulées sous des feuilles ou des ordures. Le chef des BDR et son épouse figurent parmi les tués.