Le Pakistan a réclamé lundi que l'Inde lui livre davantage d'informations pour pouvoir mener à bien sa propre enquête sur les attaques de Bombay fin novembre, qui, selon New Delhi, ont été organisées avec l'aide des services de renseignements pakistanais.

«Sans preuve substantielle fournie par l'Inde, il est excessivement difficile d'achever l'enquête», lit-on dans un communiqué du cabinet du Premier ministre, rendu public à l'issue d'une réunion de la Commission de la Défense au sein du gouvernement pakistanais.

Le Pakistan avait accepté d'enquêter mais seulement sur d'éventuels «liens» entre des «éléments» pakistanais et les attaques meurtrières.

«Pour que nous puissions terminer les investigations, les questions soulevées par l'enquête seront soumises par l'Agence Fédérale d'Investigations (FIA) et l'Inde devra y répondre», explique encore le cabinet du Premier ministre Raza Yousuf Gilani.

«Ces questions seront soumises prochainement aux autorités indiennes», précise le communiqué.

Les attaques de Bombay, perpétrées par un commando de 10 militants islamistes pakistanais, ont fait 165 morts fin novembre à Bombay, la capitale économique de l'Inde.

L'Inde, qui exige depuis lors de son voisin et éternel rival pakistanais qu'il lui livre les organisateurs des attaques, a franchi un nouveau pas dans ses accusations le 6 février, quand le secrétaire aux Affaires étrangères Shivshankar Menon a déclaré que les organisateurs des attentats étaient «des clients et des créations de l'ISI (Inter-services intelligence)», les services de renseignements pakistanais.

Depuis ce que New Delhi qualifie de «11-Septembre indien», perpétré du 26 au 29 novembre 2008, les deux puissances nucléaires militaires d'Asie du Sud, qui se sont fait trois fois la guerre en 61 ans, se livrent une incessante joute verbale.

En janvier, New Delhi avait transmis à Islamabad et à une quinzaine de chancelleries un dossier de preuves «accablantes» montrant que les attaques de Bombay avaient été planifiées, préparées et pilotées depuis le Pakistan, avec «probablement» la complicité passive de hiérarques de ce pays.

Le Premier ministre Manmohan Singh avait déjà jugé que des «agences officielles» de l'Etat pakistanais --c'est-à-dire, sans le désigner explicitement, l'ISI-- avaient «soutenu» ces attentats.

New Delhi, Washington et Londres imputent ce carnage (174 tués, dont neuf des dix assaillants) au Lashkar-e-Taïba, un groupe islamiste armé clandestin pakistanais actif au Cachemire. Mais ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne ne croient, du moins publiquement, à l'implication d'agences officielles pakistanaises.

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