Au moins 52 civils tamouls ont été tués dans le nord du Sri Lanka où les combats font rage entre l'armée et un dernier carré de de rebelles des Tigres tamouls que le président sri-lankais a juré d'écraser dans les prochains jours.

Au terme de 37 années de conflit, les militaires sont lancés dans leur offensive finale dans le nord-est de l'île contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), retranchés sur une bande de terre de 200 km2. Là bas, survivent environ 200.000 habitants et des centaines ont déjà été tuées depuis le 1er janvier, selon l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

«Selon nos informations, 52 civils ont péri mardi soir dans un bombardement à Suranthapuram. Nous ne savons pas qui est responsable et combien d'attaques ont été menées», a affirmé à l'AFP le porte-parole des Nations unies à Colombo, Gordon Weiss.

Dans ce département de Mullaittivu, le dernier contrôlé par des Tigres encerclés par l'armée, l'unique hôpital a été évacué mercredi après avoir été pris sous le feu des combats pendant seize heures, a ajouté M. Weiss.

Alors même que la communauté internationale réclame la fin des hostilités pour sauver ces civils pris au piège des combats, le président nationaliste, Mahinda Rajapakse, a promis une victoire militaire «totale» sur les séparatistes tamouls.

«Les ombres du terrorisme ont presque été dissipées. Les Tigres seront complètement battus dans quelques jours», a martelé le chef de l'Etat dans un discours à la Nation pour le 61e anniversaire de l'indépendance de cette ancienne colonie britannique.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont justement choisi cette fête nationale pour «appeler à un cessez-le-feu temporaire» entre l'armée et les Tigres, selon un communiqué des chefs de la diplomatie américaine et britannique, Hillary Clinton et David Miliband, après leur rencontre à Washington.

«Les deux parties doivent permettre aux civils et aux blessés de quitter la zone de conflit et ouvrir l'accès aux organisations humanitaires», ont-ils plaidé, relayant l'émotion exprimée depuis dix jours par de nombreux pays et organisations humanitaires face au sort de Tamouls coupés du monde et pris dans une guerre qui se déroule à huis clos.

Le pape Benoît XVI a exhorté les deux camps à «respecter le droit humanitaire» et déploré «le nombre croissant de victimes innocentes» dans ce conflit «cruel».

Les Etats-Unis et l'Union européenne sont bailleurs de fonds au Sri Lanka et considèrent les LTTE comme une organisation «terroriste». Aux côtés du Japon et de la Norvège, ces donateurs les ont exhortés mardi à «discuter avec le gouvernement sri-lankais des modalités pour mettre fin aux hostilités, dont le dépôt de leurs armes et la renonciation à la violence».

La rébellion des Tigres tamouls, jugée indestructible depuis sa création en 1972, s'est effondrée sous les coups d'une guerre conventionnelle orchestrée depuis trois ans par le régime de Colombo.

L'un des mouvements insurrectionnels les plus redoutables et les mieux organisés au monde contrôlait encore en 2006 quelque 18.000 km2 de territoires dans le nord et dans l'est du Sri Lanka sur lesquels il espérait fonder un Etat tamoul indépendant.

Le conflit dans l'ex-Ceylan entre Tigres, appartenant à la minorité tamoule hindouiste et l'armée, faisant partie de la majorité cinghalaise bouddhiste, a fait au moins 70.000 morts.