La communauté internationale et des organisations humanitaires occidentales s'alarment du sort de 250 000 civils sri-lankais tamouls coincés dans les combats entre l'armée et les rebelles tamouls dans le nord, où des centaines d'habitants ont été tués ce mois-ci.

Depuis le début de la semaine, les Nations unies, les États-Unis, l'Union européenne, l'Inde ou le Canada, ainsi que des organisations humanitaires et de défense des droits de l'Homme s'émeuvent des conditions de vie dramatiques des habitants du département de Mullaittivu, dans le nord-est du Sri Lanka.

«La situation des centaines de milliers de civils sans défense coincés en zone de guerre (dans la région) de Wanni est de plus en plus périlleuse», a résumé jeudi Brad Adams, directeur pour l'Asie de l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW).

Sur cette bande de terre dans le nord-est, au bord de l'océan Indien, l'armée gouvernementale grignote, village par village, les derniers repaires des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Elle avait repris dimanche le chef-lieu Mullaittivu, la seule ville encore aux mains de la rébellion séparatiste.

Après 37 années de conflit --qui ont fait 70 000 morts-- et une offensive commencée à l'automne 2007 dans le nord, les troupes de Colombo traquent 2000 Tigres sur un triangle de 300 km2 de jungle, où vivent de 150 000 à 300 000 civils.

Et ces habitants paient un lourd tribut aux bombardements, soit des Tigres, soit de l'armée.

Au moins 250 personnes ont été tuées et plus de 1000 hospitalisées depuis le 1er janvier, a comptabilisé le directeur des services de santé de Mullaittivu, T. Varatharajah.

Effectivement, les terribles accrochages ce mois-ci ont fait des «centaines» de victimes civiles et une crise humanitaire «majeure» est en cours dans cette région, s'est alarmé le Comité international de la Croix Rouge (CICR) à Genève.

Pour l'instant, seule une équipe de l'ONU a réussi jeudi à évacuer du nord-est 350 personnes grièvement blessées, parmi lesquelles 50 enfants. Elles ont été acheminées vers un hôpital plus au sud en territoire gouvernemental, a indiqué à l'AFP le porte-parole des Nations unies à Colombo, Gordon Weiss.

Toute la semaine, les Tigres avaient empêché une vingtaine de véhicules --affrétés par le CICR et l'ONU-- d'aller chercher ces patients bloqués dans un dispensaire de Mullaittivu.

Mais la communauté internationale a renvoyé dos à dos les Tigres et l'armée.

«Le gouvernement et les LTTE doivent prendre des mesures d'urgence pour éviter la mort à grande échelle de populations civiles», a exhorté M. Adams.

Déjà mardi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait sommé les parties belligérantes de ne pas bombarder une enclave démilitarisée ouverte il y a 10 jours, une «zone de sécurité» où les Tamouls sont censés trouver refuge. L'ambassadeur des États-Unis au Sri Lanka, Robert Blake, a demandé aux deux camps d'«exercer le maximum de retenue».

Mais le gouvernement sri-lankais, qui se bat dans le nord quasiment à huis clos, a nié jeudi qu'il y ait là-bas une catastrophe humanitaire et accusé le CICR de ne pas comprendre les «réalités du terrain».

«Les employés du CICR à Colombo savent bien que ce sont les LTTE qui ont bloqué des civils, ce qui n'a pas empêché plusieurs milliers d'entre eux de trouver refuge en territoire gouvernemental», s'est défendu le ministère des droits de l'Homme et de la gestion des catastrophes.