Près de 250 personnes étaient portées disparues, sans grand espoir de les retrouver vivantes, après le naufrage d'un ferry reliant deux îles indonésiennes, un drame qui relance la polémique sur la sécurité des transports dans le plus grand archipel du monde.

Le ministre indonésien des Transports a laissé peu d'espoirs lundi matin en déclarant qu'il y avait «peu de chances» de découvrir de nouveaux survivants plus de 24 heures après le naufrage du Teratai Prima.

Il a précisé que 22 personnes avaient été recueillies dimanche par des pêcheurs sur les quelques 250 passagers et 17 membres d'équipage.

Le ferry de 700 tonnes, géré par une société privée, a coulé en quelques minutes dans la nuit de samedi à dimanche. Il se trouvait alors à 50 km au large de l'île de Sulawesi, peu après avoir quitté le port de Pare Pare pour rejoindre celui de Samarinda, sur l'île de Bornéo.

De fortes vagues de 4 mètres de haut ont destabilisé le navire vers 03H30, alors que la plupart des passagers dormaient, selon le témoignage des survivants, dont le capitaine et quatre membres d'équipage. «J'ai senti que le bateau basculait vers la gauche avant de se renverser totalement. J'ai dû nager dans le noir et dans une mer démontée jusqu'au matin», a témoigné Yulianus Mangande, un passager de 29 ans secouru par des pêcheurs vers 11H00.

Un autre survivant, Rudi Alvian, 17 ans, a raconté s'être «aggripé à un régime de bananes» qui flottait avant de pouvoir rejoindre un canot de sauvetage.

De nombreux Indonésiens maîtrisent mal la natation, ce qui réduit leurs chances de survie lorsqu'ils tombent à l'eau, même si cette dernière n'est pas froide.

Le ministre des Transports a indiqué que huit navires de la marine et des avions de l'armée de l'air participaient lundi aux recherches, rendues difficiles par la persistance du mauvais temps dans la mer de Macassar, qui sépare Sulawesi de Bornéo.

Les naufrages ne sont pas rares en Indonésie, un immense archipel de 234 millions d'habitants et de plus de 17.000 îles et îlots, où le ferry est l'un des principaux modes de transport.

Cet accident est le plus grave depuis la mort de plus de 400 personnes dans le naufrage d'un ferry pris dans une tempête au large de l'île de Java en décembre 2006. Quelques mois plus tard, un autre ferry avait pris feu et plusieurs passagers étaient morts noyés après s'être jetés du navire.

Chaque accident grave repose la question des normes de sécurité à bord de ces navires souvent âgés, parfois surchargés et sous-équipés en moyens de secours. Le gouvernement s'est à plusieurs reprises engagé à renforcer les standards de sécurité et à accroître les investissements.

Ce problème concerne aussi les transports terrestres et aériens. Une série d'accidents d'avion avait entraîné en juillet 2007 l'Union européenne à placer sur sa liste noire l'ensemble des compagnies aériennes indonésiennes, leur interdisant d'atterrir sur les aéroports européens. Jakarta a récemment renforcer les conditions de sécurité et espère une prochaine levée de la mesure de l'UE.