C'est sur les dents que le Pakistan et l'Inde terminent l'année 2008. Trois semaines après les attentats de Bombay qui ont fait 172 morts, les deux pays rivaux sont en état d'alerte.

Hier, des sources médiatiques diverses rapportaient que le Pakistan a demandé à ses militaires de se tenir sur le pied de guerre. Selon Al-Jazira, plusieurs sources ont confirmé qu'une alerte rouge a été décrétée pour la marine, la force aérienne et l'armée pakistanaises. «Des unités de la force aérienne ont été vues en vol près de la frontière indo-pakistanaise. Ils étaient dans un mode de patrouille agressif», rapportait hier après-midi le correspondant d'Al-Jazira, Kamal Hyder.

 

Les autorités pakistanaises n'ont pas confirmé avoir décrété l'«alerte rouge», mais lors d'un point de presse à Lahore, le ministre de la Défense du Pakistan a affirmé que son pays serait prêt si l'Inde décidait de lancer une attaque contre le Pakistan, en réponse aux attaques terroristes de la fin novembre. «Mais les Indiens ne voudront pas la guerre parce que si la guerre est déclarée, que Dieu nous en sauve, cela pourrait dégénérer en une guerre nucléaire», a-t-il prévenu.

À mots couverts

Quelques heures plus tôt, de l'autre côté de la frontière, Sonia Gandhi a pour sa part mis en garde le Pakistan à mots couverts. Présidente du Parti du Congrès, présentement au pouvoir en Inde, elle a notamment laissé entendre que le Pakistan n'en faisait pas assez pour mettre fin aux activités sur son territoire du Lashkar-e-Taiba, le groupe islamiste militant que l'Inde tient responsable du massacre de Bombay. D'ailleurs, hier, l'Inde a affirmé que le seul suspect qu'elle détient pour les attentats de novembre, Ajmal Amir Iman Kasab, 21 ans, a écrit une lettre au gouvernement pakistanais, demandant une rencontre.

«Notre désir de paix et d'harmonie ne doit pas être vu comme un signe de faiblesse. Nous voulons dire à ceux qui encouragent le terrorisme sur leur territoire que nous avons la compétence pour leur donner une réponse appropriée», a dit Mme Gandhi, veuve de l'ancien premier ministre indien Rajiv Gandhi, lors d'un discours qu'elle a prononcé à Jammu.

Quelques centaines de kilomètres plus loin, à Srinagar, capitale du Cachemire indien, des manifestants ont envahi les rues à l'approche d'un scrutin qui devrait avoir lieu le 24 décembre. Ajoutant au climat d'hostilité entre les deux pays, ces derniers demandent la fin de l'occupation indienne de cette ancienne principauté majoritairement musulmane, mais dont la majeure partie est administrée par l'Inde depuis la partition de 1947.

Le Cachemire n'est cependant pas le seul endroit où les forces de l'ordre indiennes sont sur les dents. Ce week-end, le gouvernement indien a décidé de jouer les rabat-joie en annulant les fêtes de Nouvel An qui devaient avoir lieu sur les plages de Goa, sur la côte ouest du pays. Craignant de nouveaux attentats terroristes dans cet ancien paradis hippie, fréquenté par les jeunes voyageurs friands de musique transe, les autorités indiennes ont prohibé tout rassemblement public sur les plages de Goa entre le 26 décembre et le 5 janvier.

Cette annonce est un deuxième coup dur porté à l'industrie touristique indienne, qui connaît des heures noires depuis que 26 étrangers, dont deux Canadiens, sont tombés sous les balles lors des attentats du mois dernier. En plus de s'en prendre à deux hôtels de luxe fréquentés par l'élite indienne et les visiteurs plus fortunés, les assaillants ont ouvert le feu sur le café Léopold, très populaire auprès des routards qui explorent le pays de Gandhi sac au dos.