Les autorités au Bangladesh ont fait déployer samedi près de 50 000 soldats pour empêcher toute violence avant des élections législatives prévues le 29 décembre et censées rétablir un régime démocratique, a annoncé l'armée.

Les troupes ont été dépêchées dans chacun des 64 départements de ce pays musulman laïc de 144 millions d'habitants, comme une «force de frappe», selon le porte-parole des forces armées, le colonel Kabirul Islam Chowdhury. Les soldats «dissuaderont quiconque d'avoir recours à la violence et contribueront à des élections sans encombre le 29 décembre», a dit l'officier. Ses hommes devraient être épaulés le jour du vote par 300 000 policiers ou paramilitaires. Un responsable de l'armée, Salauddin Ahmed, a évalué à 48 000 le nombre de militaires déjà en position samedi, assurant que les effectifs pouvaient être renforcés.

Le président du Bangladesh, Iajuddin Ahmed, avait levé mercredi l'état d'urgence imposé en janvier 2007, dans la perspective des législatives, les premières depuis 2001. Cela a mis fin aux restrictions sur les activités politiques, les libertés publiques et de la presse. Un couvre-feu avait déjà été levé il y a plusieurs mois et la campagne électorale est autorisée depuis huit jours.

Les deux principaux partis du pays --le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et la Ligue Awami-- exigeaient la levée de ce régime d'exception avant les élections. Bon nombre de diplomates occidentaux soutenaient ces revendications.

Mais le Bangladesh est en pleines turbulences depuis plus de deux ans.

Après des mois de violences entre les principales forces politiques -- ayant fait des dizaines de morts à partir d'octobre 2006 -- l'armée était discrètement intervenue, faisant annuler des législatives prévues fin janvier 2007 en affirmant qu'elles allaient être truquées.

Une fois l'état d'urgence imposé le 11 janvier 2007, un gouvernement intérimaire de technocrates porté par les militaires s'était engagé à organiser un nouveau scrutin.

Il a surtout mené surtout une grande purge anti-corruption en interrogeant 10 000 personnes et en emprisonnant 150 ex-ministres, hommes d'affaires et hauts fonctionnaires.