Des dizaines de milliers de personnes, partisans de l'ancien premier ministre thaïlandais déchu Thaksin Shinawatra, ont manifesté samedi dans un stade de Bangkok, dénonçant les efforts du parti démocrate (opposition) en vue de former un gouvernement.

La foule, estimée par la police entre 30 et 40 000 personnes, a chanté et dansé, alors que les orateurs se succédaient, critiquant le parti démocrate, qui va tenter lundi, au cours d'une session parlementaire, de constituer un nouveau gouvernement, et accusant l'armée d'avoir fait pression sur la justice pour qu'elle chasse la coalition actuelle du pouvoir. Le public attendait une intervention en direct par téléphone de l'ancien chef de gouvernement, renversé par un putsch en 2006 et qui vit désormais en exil. Mais les organisateurs ont fait savoir qu'il n'y aurait au bout du compte que la diffusion d'une vidéo pré-enregistée de Thaksin.

Le parti du pouvoir populaire, pro-Thaksin, a été dissous par la Cour constitutionnelle pour fraude électorale, et le premier ministre issu de cette formation, Somchai Wongasawat, contraint à démissionner, après des mois de manifestations anti-gouvernementales organisées par l'Alliance populaire pour la démocratie.

Le parti démocrate est dans l'opposition au clan pro-Thaksin depuis 2001. Il estime désormais avoir réuni une coalition suffisante pour décrocher la majorité au parlement et pouvoir faire désigner son chef Abhisit Vejjajiva à la tête du gouvernement.

Thaksin devrait quant à lui appeler ses partisans à soutenir le Phuea Thai, constitué de membres du Parti du pouvoir populaire dissous et de son prédécesseur, le Thai Rak Thai, au pouvoir de 2001 à 2006.

Vendredi, le Phuea Thai affirmait avoir recueilli suffisament de voix pour faire élire l'ancien patron de la police nationale Pracha Promnok à la tête du gouvernement.

La Thaïlande doit en tous cas désigner son cinquième chef du gouvernement en un peu plus de deux ans, alors que le pays est paralysé depuis août par les manifestations de l'Alliance, la coalition anti-Thaksin: réclamant le départ de Somchai, considéré comme une marionnette de Thaksin, elle avait en fin de course pris le contrôle des deux aéroports de Bangkok, bloquant jusqu'à 300 000 passagers, n'évacuant les lieux qu'après la démission de Somchai.

L'Alliance a fait savoir qu'elle s'opposerait à tout premier ministre issu du Phuea Thai ou nommé par une coalition comprenant le Phuea Thai.