Le trafic aérien a été totalement rétabli vendredi à l'aéroport international de Bangkok, soulageant des milliers de touristes jusqu'ici bloqués, mais de lourdes incertitudes politiques demeurent en Thaïlande au lendemain de l'annulation d'un discours annuel du roi.

«Environ 550 vols étaient programmés aujourd'hui (vendredi) à Suvarnabhumi», a déclaré une porte-parole des Aéroports de Thaïlande (AOT).

«Suvarnabhumi a officiellement repris ses activités. Le personnel est très content de revenir travailler», a assuré cette porte-parole, alors que de longues files de passagers s'étiraient dans l'immense terminal de l'aéroport international, occupé entre le 25 novembre et le 3 décembre par des manifestants antigouvernementaux.

Une brève cérémonie s'est tenue dans la matinée pour marquer la réouverture officielle du terminal après huit jours d'un chaos qui a piégé en Thaïlande 350.000 voyageurs, dont de nombreux touristes étrangers.

«Le respect des normes de sécurité est assuré à 100%», a déclaré à l'AFP le directeur général de l'aviation civile, Chaisak Angkasuwan. «Toutes les compagnies ont fait savoir qu'elles maintenaient leurs vols à Suvarnabhumi», a-t-il dit.

Le terminal n'a pas subi de déprédations, contrairement au siège du gouvernement à Bangkok que les protestataires ont occupé pendant plus de trois mois et qui a été totalement mis à sac, selon des images diffusées vendredi par la télévision thaïlandaise.

Avant la reprise partielle du trafic aérien, mercredi, à Suvarnabhumi, les voyageurs étaient contraints de quitter le «Pays du Sourire» depuis une poignée d'aéroports secondaires, loin de la capitale.

Ce retour complet à la normale à Suvarnabhumi, qui peut gérer 700 vols et 100.000 passagers par jour, a coïncidé avec le 81e anniversaire du roi Bhumibol Adulyadej, «père de la nation», immensément révéré en Thaïlande.

C'est en son nom que les manifestants de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) avaient lancé leur mouvement en mai contre le gouvernement «corrompu» des lieutenants de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par l'armée et qui vit en exil.

Les opposants ont mis fin mercredi à leur occupation des aéroports de Bangkok après un ordre de dissolution du parti au pouvoir émanant de la Cour constitutionnelle qui a également exclu de la vie publique le Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère de M. Thaksin, officiellement pour fraude électorale.

L'action «coup de poing» de la PAD a cependant entaché l'image de la Thaïlande et porté un rude coup au tourisme, l'un des piliers de son économie.

Des gouvernements occidentaux et asiatiques ont demandé aux autorités thaïlandaises de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour renforcer la sécurité dans les aéroports.

Sur le plan politique, les manifestants semblent avoir remporté une bataille mais pas la guerre d'usure qui se poursuit depuis plus de deux ans, alors que les lieutenants de M. Thaksin et leurs alliés cherchent à se regrouper dans un nouveau parti pour essayer de dégager une nouvelle majorité parlementaire.

La PAD a prévenu qu'elle s'opposerait à la nomination et à l'élection d'un proche de M. Thaksin comme Premier ministre.

Des discussions sont en cours entre députés et une session de la chambre basse du Parlement, initialement prévue lundi et mardi, a été reportée pour permettre à ces négociations en coulisse d'aboutir, indique-t-on dans les milieux politiques.

Une faction, celle de Newin Chidchob, qui était précédemment associée au pouvoir des partisans de M. Thaksin, semble faire monter les enchères pour accorder au plus offrant son ralliement, selon des journaux.

Ajoutant au climat de crise, le roi Bhumibol Adulyadej, «souffrant», a brusquement annulé jeudi un discours à la nation à la veille de son 81e anniversaire.

L'annulation de cette intervention a alimenté des spéculations sur le degré de gravité de l'indisposition du monarque, interprétée par certains analystes comme un silence délibéré, alors que d'autres l'ont trouvé effectivement très fatigué lors d'un défilé militaire mardi.