Les opposants royalistes ont évacué hier le siège du gouvernement à Bangkok pour se concentrer sur l'occupation des aéroports de la ville, où le nombre de touristes bloqués atteignait les 350 000, dont de très nombreux Canadiens.

Entre 35 000 et 45 000 personnes viennent chaque jour gonfler le nombre de touristes bloqués, a indiqué Kongrit Hiranyakit, du Conseil du Tourisme du pays.

 

Un millier de partisans du gouvernement, vêtus de rouge, sont restés mobilisés devant les bureaux du gouvernement. La veille, ils étaient 15 000 à cet endroit, faisant craindre des affrontements avec les opposants, habillés en jaune.

Selon le quotidien The Nation, un attentat à l'aéroport Don Mueang a fait un mort et une vingtaine de blessés hier.

Cet aéroport est utilisé pour les vols intérieurs. Les manifestants, qui réclament la démission du gouvernement, occupent aussi l'aéroport international de la ville, Suvarnabhumi.

Aéroports toujours bloqués

Le gouvernement du premier ministre Somchaï Wongsawat avait décrété l'état d'urgence dans les aéroports jeudi dernier dans le but de les faire évacuer par la police épaulée par l'armée.

Les manifestants ont résisté, et les partisans du gouvernement se sont alors déployés à leur tour dans la capitale. Les aéroports restent toujours aux mains des opposants, qui ont obligé plusieurs dizaines de vols à partir vides.

Selon Serirat Prasutanont, de l'Autorité aéroportuaire, l'aéroport Suvarnabhumi devrait rester fermé au moins jusqu'à demain, la décision étant renouvelée toutes les 48 heures.

La crise prend entre-temps une tournure juridique, la Cour constitutionnelle étant appelée à ordonner la dissolution du parti au pouvoir, ce que les partisans du premier ministre dénoncent comme un «coup d'État déguisé».

La Cour se penche depuis des mois sur des «achats de voix» aux législatives de décembre 2007 remportées par le Parti du pouvoir du peuple (PPP) de l'actuel chef du gouvernement.

»Coquille» politique

«Si la Cour rend son verdict et le PPP est dissous, cela change la donne», a dit Panitan Wattanayagorn, politologue à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.

Selon la Constitution adoptée en août 2007 sous une junte militaire, un parti peut être dissous si un seul de ses députés est jugé coupable de fraude électorale.

Somchai pourrait donc partir et serait interdit de toute activité politique, comme le fut son beau-frère, l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un putsch en septembre 2006 et qui vit aujourd'hui en exil.

En 2007, un tribunal créé par la junte avait dissout le parti de Thaksin, Thai Rak Thai (TRT, les Thaïlandais aiment les Thaïlandais). Il avait aussi interdit à 111 dirigeants du parti, dont Thaksin, de toute activité politique pendant cinq ans.

Anticipant un scénario analogue, le PPP, successeur du TRT, a créé une «coquille» politique, le Pheu Thai (Pour les Thaïlandais), qui accueillerait, le cas échéant, tous les membres et cadres du PPP épargnés par la justice.