Les partisans du gouvernement thaïlandais, qui ont fait une démonstration de force dimanche à Bangkok, restaient mobilisés lundi matin alors que leurs adversaires continuaient d'occuper les deux aéroports de la capitale où des milliers de touristes restaient bloqués.

Quelque 15 000 partisans du pouvoir, vêtus de rouge, s'étaient rassemblés dimanche devant le siège de l'administration métropolitaine de Bangkok, et 1.500 d'entre eux étaient toujours là lundi matin, a dit la police.

La présence de ces manifestants alimentait des craintes de violences, alors que leurs adversaires, vêtus de jaune en signe d'allégeance au roi, poursuivaient le blocus des deux aéroports et du siège du gouvernement, situé à quelques kilomètres.

«Nous nous rassemblerons de nouveau cet après-midi (en plus grand nombre). A cette heure, nous laissons nos partisans se reposer un peu», a déclaré à l'AFP Chinawat Haboonpard, un leader pro-gouvernemental.

Il a ajouté que les partisans du gouvernement n'avaient pas encore décidé s'ils organiseraient ou non une manifestation à la Cour constitutionnelle qui doit boucler mardi un dossier susceptible d'aboutir à un ordre de dissolution du parti au pouvoir et de deux formations alliées pour fraude électorale.

Redoutant un verdict négatif de la cour, les partisans du gouvernement ont d'ores et déjà mis en garde contre cet éventuel «coup d'Etat déguisé» qui pourrait aboutir à l'éviction politique du Premier ministre Somchai Wongsawat et d'autres responsables de la coalition au pouvoir.

M. Somchai est le beau-frère de l'ancien homme fort de la Thaïlande Thaksin Shinawatra, renversé par l'armée en septembre 2006 à la suite d'accusations de corruption.

Les lieutenants de M. Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007 qui ont mis fin à 15 mois d'administration militaire.

Les plaintes pour fraude électorale concernent le scrutin d'il y a un an et la Cour constitutionnelle pourrait annoncer un verdict cette semaine.

La Thaïlande s'enfonce depuis des mois dans une grave crise politique qui a pris une tournure violente ces dernières semaines après une série d'affrontements ayant fait au total six morts et plusieurs centaines de blessés depuis la fin août.

Ce climat insurrectionnel a poussé le Premier ministre à se réfugier «indéfiniment» à Chiang Mai (700 km au nord de Bangkok).

Plus de 100 000 passagers se sont retrouvés bloqués du fait de la fermeture la semaine dernière des aéroports de Bangkok et d'autres plateformes aériennes, plus petites, sont utilisées pour évacuer au compte-gouttes des touristes bloqués.

De nombreux gouvernements étrangers ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Thaïlande, où il est encore possible d'atterrir et de décoller, notamment à Phuket (sud) et Chiang Mai, ainsi que sur une base navale dans le sud-est du pays, ouverte exceptionnellement depuis jeudi à certains vols commerciaux.

De nombreuses compagnies aériennes affrètent des vols spéciaux pour des opérations d'évacuation.

Signe d'une certaine détente sur ce front: les manifestants antigouvernementaux ont autorisé 37 avions commerciaux vides à quitter l'aéroport international Suvarnabhumi de Bangkok, a annoncé lundi une porte-parole des Aéroports de Thaïlande (AOT).

Au total, 88 appareils se sont retrouvés bloqués à Suvarnabhumi et 37 d'entre eux ont pu décoller depuis dimanche soir à la suite d'une requête d'AOT, a précisé cette porte-parole.