Des milliers de partisans du gouvernement thaïlandais, vêtus de rouge, se sont rassemblés dimanche dans le centre de Bangkok pour dénoncer le «coup d'État déguisé» fomenté par des opposants qui occupent les deux aéroports de Bangkok.

La foule a été estimée à 15 000 personnes par la police. Ce rassemblement, qui vise à contrer la mobilisation des opposants ultra-royalistes, vêtus de jaune et retranchés notamment dans les aéroports, se déroulait devant le siège de l'administration métropolitaine de Bangkok, non loin du monument de la Démocratie.

Le front ceint de bandeaux où l'on pouvait lire «Non au putsch», les partisans du gouvernement répondaient à l'appel d'une «Alliance démocratique contre la dictature» au sein de laquelle sont regroupés tous les sympathisants de l'ex-premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, dont le beau-frère dirige le gouvernement actuel en Thaïlande.

«Nous nous sommes rassemblés ici aujourd'hui (dimanche) pour protéger le système démocratique (et) pour dire +nous ne voulons pas de coup d'État+», a déclaré un leader pro-gouvernemental, Jatuporn Prompan.

«Le groupe restera ici jusqu'au 4 décembre (jeudi prochain). Nous prévoyons à un moment de marcher en direction du monument de la Démocratie», a-t-il ajouté.

Des drapeaux thaïlandais étaient agités au dessus de la foule, tandis que certains manifestants portaient des bandeaux frappés de la mention «Thaksin».

M. Thaksin, 59 ans, leader populiste controversé et ancien homme fort de la Thaïlande, a été premier ministre de 2001 à 2006 avant d'être renversé par l'armée à la suite d'accusations d'abus de pouvoir, de corruption et d'irrespect envers la monarchie.

Poursuivi par la justice de son pays, M. Thaksin est un puissant homme d'affaires qui a été vu récemment à Dubaï et à Hong Kong. Il reste populaire parmi les masses rurales du nord de la Thaïlande, mais est honni par une bonne partie des élites et des classes moyennes de Bangkok et du sud.

Ses lieutenants sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007 qui ont mis fin à quinze mois d'administration militaire. En 2006, la PAD avait déjà contribué à déstabiliser M. Thaksin avant son éviction du pouvoir.

«J'étais avec la PAD lorsqu'elle se rassemblait pour renverser Thaksin, mais je suis venu ici aujourd'hui parce que je redoute que le pays soit le théâtre d'un nouveau coup d'État», a expliqué Piyarat Harnkittichai, homme d'affaires de 52 ans, présent au rassemblement pro-gouvernemental.

Certains participants tenaient des pancartes où l'on pouvait lire: «Les gens de la PAD sont des bandits».

«Je me battrai jusqu'au bout pour le gouvernement et pour Thaksin», a dit Pradit Siriwarin, marchand ambulant de 55 ans, ajoutant: «Je me battrai pour qu'il revienne au pays. Je n'ai pas peur de l'affrontement».

L'occupation des aéroports de Bangkok, ainsi que du siège officiel du gouvernement par les manifestants de la PAD, alimente depuis une semaine les risques de violences et de nouveau putsch militaire pour rétablir l'ordre, selon des analystes.