La tension a monté d'un cran hier à Bangkok. Les manifestants de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) et les forces policières se sont affrontés au moins deux fois dans la nuit d'hier à aujourd'hui, faisant au moins 46 blessés. Malgré des rumeurs de coup d'État, le ministère des Affaires étrangères du Canada ne considère pas la capitale thaïlandaise comme une zone «dangereuse» et demande aux touristes de ne pas sortir de la ville avant la reprise du trafic aérien.

Jean-Pierre Immarigeon et Marie Maher, de Montréal, ont pourtant choisi de quitter la Thaïlande mercredi, soit un jour après que les manifestants du PAD eurent pris d'assaut les aéroports de Suvarnabhumi et de Don Meuang. En vacances en Asie depuis un mois et demi, ils ont sauté à bord d'un autocar en direction de Kuala Lumpur, en Malaisie, puis se sont envolés vers Hong Kong, qu'ils étaient censés visiter en fin de périple.

 

«En tant que touristes étrangers, ils ne se sentaient pas dans la ligne de mire du conflit, explique leur fille Ariane, qui a eu régulièrement de leurs nouvelles par courriel. Mais ils n'ont pas tendance à prendre des risques. C'est sûr que je serai moins inquiète lorsqu'ils se seront posés à Montréal, mais ça me rassure de savoir qu'ils sont sains et saufs.»

Selon les médias thaïlandais, environ 100 000 touristes sont bloqués à Bangkok. Le ministère des Affaires étrangères du Canada n'était pas en mesure de dire hier soir combien de Canadiens sont du nombre. Il a tenté de calmer le jeu en affirmant que les étrangers ne sont pas directement menacés dans cette affaire et que la violence est circonscrite à des endroits précis.

«Nous demandons aux Canadiens de se tenir loin des aéroports et des autres lieux où il y a présentement des manifestations comme la Maison du gouvernement, le parlement, le quartier général de la police métropolitaine et la Cour suprême», a dit le porte-parole du Ministère, Daniel Barbarie.

Il a affirmé que des représentants du consulat avaient rencontré 200 ressortissants canadiens à leurs hôtels, essentiellement des touristes du troisième âge.

Hier, des milliers de touristes ont toutefois tenté de quitter le royaume à partir de la base militaire d'U-Tapao, à 190 km de la capitale. Des compagnies aériennes ont été autorisées à utiliser la piste pour des vols prioritaires.

Escalade des tensions

Les manifestants du PAD occupent les aéroports de Bangkok depuis mardi. Le mouvement, qui mène une vaste campagne antigouvernementale depuis six mois, réclame la démission du premier ministre Somchai Wongsawat parce qu'il le considère comme corrompu.

Dans la nuit d'hier à aujourd'hui, les manifestants du PAD et les forces policières se sont physiquement affrontés pour la première fois depuis le siège.

En matinée, deux passants ont été blessés par un engin explosif à l'extérieur du deuxième aéroport de Bangkok, assiégé par des manifestants Vers minuit, au moins 46 personnes ont été blessées dans une attaque à la grenade contre les manifestants qui occupent depuis plusieurs mois le siège du gouvernement à Bangkok.

Dans la même soirée, quelque 150 policiers ont abandonné le barrage routier qu'ils tenaient près de l'aéroport international de Bangkok après avoir été attaqués par les manifestants. Dans les médias locaux et internationaux, les rumeurs d'un coup d'État fusent de toutes parts.

La Thaïlande a connu 18 coups d'État ou tentatives en 76 ans.

Avec AFP, Reuters et The New York Times