«On veut des otages américains et britanniques»: c'est ce que les ravisseurs islamistes armés ont hurlé aux clients terrifiés des deux hôtels de luxe de Bombay attaqués mercredi soir. «Ils ont dit à tout le monde de ne pas bouger, de mettre les mains sur la tête, puis nous ont demandé s'il y avait des Britanniques ou des Américains», a raconté Alex Chamberlain, un client anglais de l'hôtel Oberoi Trident, qui a réussi à s'échapper en empruntant un escalier de secours.

«Mes amis m'ont dit: "ne joue pas les héros, ne dis pas que tu es Britannique"», a-t-il poursuivi. Il a pu s'enfuir alors que des otages étaient emmenés par leurs ravisseurs dans les étages supérieurs de l'établissement.

Au Taj Mahal, l'un des hôtels les plus célèbres au monde, d'autres hommes armés avaient exactement le même objectif: trouver des Américains et des Britanniques.

«Ils cherchaient les étrangers, réclamant les passeports britanniques ou américains», a témoigné Rakesh Patel, un Britannique résidant à Hong Kong.

«Ils sont arrivés depuis le restaurant et nous ont fait grimper les escaliers», a-t-il expliqué, le visage noirci par la fumée, à la télévision NDTV.

«Ils étaient très jeunes, presque des enfants, portant des jeans et des T-shirts», a-t-il dit, précisant qu'il a pu se réfugier au 18e étage.

Une femme a raconté qu'elle était restée allongée dans une chambre du Taj avec 25 autres clients pétrifiés, alors que les assaillants répliquaient à l'intervention d'unités des commandos venus les secourir.

«Cela a été, sans aucun doute, la pire expérience de toute ma vie. Six heures très, très douloureuses», a-t-elle dit aux journalistes.

«Nous avons entendu l'armée arriver dans l'hôtel. Nous avons entendu les coups de feu et les explosions. Finalement, les pompiers ont cassé les vitres de la chambre et nous sommes descendus par l'échelle».

L'Américaine Marilyn Ernsteen était aussi au Taj avec son mari Joseph: lorsque la fusillade a éclaté, elle a d'abord cru à des feux d'artifice. Puis, les employés de l'hôtel ont sommé ce couple de Chicago de s'enfermer dans la chambre et d'éteindre la lumière.

«Je ne comprenais rien à ce qui se passait. J'étais terrifiée», a-t-elle dit à l'AFP après s'être échappée avec son époux par une sortie de secours.

L'actrice de la télévision australienne Brooke Satchwell venait d'entrer dans le hall majestueux du Taj quand les coups de feu ont éclaté: «c'était vraiment effrayant. Des gens ont été abattus dans les couloirs», a-t-elle raconté à la presse.

Des unités antiterroristes sont intervenues dans l'hôtel à l'aube jeudi pour tenter de déloger les islamistes armés de fusils d'assaut et de grenades qui avaient pris en otage un nombre indéterminé de clients du palace.

Un gigantesque incendie s'est déclaré dans une aile historique de l'établissement, prenant au piège de nombreux occupants dans leur chambre.

«Nous venions juste de commander à manger et on a entendu comme des pétards et des gens qui criaient», a raconté David Coker, un étudiant australien de 23 ans qui dînait mercredi au Café Leopold de Bombay.

Son amie a reçu une balle dans la jambe et lui-même a été éraflé par un autre tir.

«Je me suis retourné et je l'ai vue ramper vers l'extérieur parce qu'elle ne pouvait pas marcher. Je l'ai agrippée et nous sommes sortis le plus vite possible».

«On a pris un taxi. Personne ne savait ce qui se passait. Je pense que nous étions les premiers à nous présenter à l'hôpital de Bombay», a ajouté M. Coker.

Ces attentats ont été revendiqués au nom d'un groupe islamiste se présentant comme les Moujahidine du Deccan.