La crise politique en Thaïlande a connu mardi une sérieuse escalade avec la fermeture de l'aéroport international de Bangkok et des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement, qui ont fait au moins onze blessés, dont huit par balles.

Pour la deuxième journée consécutive, des milliers d'opposants d'obédience royaliste ont multiplié les actions pour paralyser l'activité gouvernementale et faire tomber rapidement le premier ministre élu Somchai Wongsawat, beau-frère du dirigeant déchu Thaksin Shinawatra.

L'opération la plus spectaculaire s'est déroulée dans la soirée lorsque des manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut le terminal de l'aéroport international Suvarnabhumi par où transitent chaque année des millions de touristes étrangers.

L'aéroport a été fermé indéfiniment. «Des vols seront redirigés vers Chiang Mai (nord), Phuket (sud) ou d'autres aéroports, mais (Suvarnabhumi) a été fermé à 21H00 (9 h HNE)», a précisé une porte-parole de l'autorité chargée des aéroports de Thaïlande (AOT).

Des embouteillages avaient été signalés plus tôt sur des routes menant à l'aéroport international, alors que plus de 2.000 opposants avaient commencé à encercler le complexe, selon la police.

Ailleurs dans Bangkok, des opposants ont ouvert le feu sur des partisans du gouvernement et ont utilisé des barres de fer lors d'affrontements qui ont fait au moins 11 blessés, selon la police et un hôpital.

La police a déclaré que huit blessés avaient été atteints par des balles tirées par des manifestants antigouvernementaux et qu'une victime était dans un état grave.

Des images de télévision ont montré deux hommes, portant des brassards jaunes, en signe d'allégeance au roi, tirant avec des pistolets, tandis que d'autres activistes, vêtus de tee-shirts jaunes, s'en prenaient à des adversaires à coups de barres de fer.

Peu avant ces incidents, l'armée avait réaffirmé qu'elle n'avait pas l'intention de s'emparer du pouvoir.

Les affrontements se sont produits sur une route menant à l'ancien aéroport de Don Mueang où le gouvernement a aménagé des bureaux temporaires en raison de l'occupation, depuis le 26 août, du complexe abritant les bureaux du premier ministre.

Mardi à l'aube, environ 10.000 manifestants antigouvernementaux, vêtus pour la plupart de jaune, avaient assiégé Don Mueang.

Des groupes d'opposants se sont également rendus au QG des forces armées et à l'aéroport de Suvarnabhumi, où le premier ministre était attendu mercredi après avoir participé au Pérou à un sommet des pays de l'Asie-Pacifique (Apec).

Mais un porte-parole gouvernemental a annoncé en fin de journée que l'avion de M. Somchai n'atterrirait pas à Suvarnabhumi.

Les manifestants appartiennent à une coalition qui se fait appeler «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) et dont l'objectif avoué est de renverser le gouvernement, qualifié de «corrompu».

Dans l'avion qui le ramenait vers la Thaïlande, M. Somchai a, une nouvelle fois, rejeté les appels à sa démission et a accusé la PAD de mener une «rébellion».

M. Somchai est le beau-frère de M. Thaksin qui avait été renversé en septembre 2006 par des généraux royalistes.

Les lieutenants de M. Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007, les premières depuis le putsch de l'année précédente.

Des milliers de manifestants avaient déjà encerclé lundi le Parlement de Bangkok et forcé l'ajournement d'une importante session.

Sawit Kaoewan, un leader des manifestants qui est également secrétaire général de la principale confédération syndicale en Thaïlande (190 000 membres), a affirmé qu'une grève nationale allait démarrer mardi dans les services publics, mais aucun débrayage n'a été signalé.

Dans l'après-midi, le commandant en chef de l'armée, le général Anupong Paojinda, a réaffirmé qu'un coup d'État ne pouvait pas «régler les problèmes du pays».