La Corée du Nord a menacé mercredi de fermer sa frontière avec le Sud à partir du 1er décembre et a coupé les lignes téléphoniques reliant les deux parties de la péninsule divisée, en représailles à la politique de «confrontation» de Séoul, selon Pyongyang.

L'armée nord-coréenne a averti son homologue sud-coréenne que des mesures visant à «restreindre et interrompre strictement tous les passages terrestres à travers la Ligne de démarcation militaire (frontière) prendraient effet à compter du 1er décembre», a rapporté l'agence officielle Korean Central News Agency (KCNA).

Le communiqué en anglais laisse planer l'incertitude sur le fait de savoir si les passages sont totalement interrompus ou considérablement limités.

En outre, la Croix-Rouge contrôlée par le gouvernement nord-coréen a annoncé mercredi qu'elle fermait son bureau de liaison dans le village frontalier de Panmunjom, en retirait ses délégués et coupait toutes les lignes téléphoniques directes avec le Sud.

Ces mesures constituent un «premier pas» dans la réponse de Pyongyang à la politique de Séoul qualifiée dans un communiqué officiel de «défi frontal à notre dignité et à notre système», de «grave provocation» contre la Corée du Nord et de «négation totale» des accords conclus aux sommets inter-coréeens de 2000 et 2007.

Pyongyang dénonce en particulier la décision de Séoul de promouvoir à l'ONU avec d'autres pays une résolution critiquant les violations des droits de l'homme par la Corée du Nord.

«C'est vraiment consternant de voir le régime fantoche (du Sud) assumer un rôle clé dans le tapage autour d'une soi-disant résolution de l'ONU sur les droits de l'homme dans le Nord», indique le communiqué officiel.

«Les autorités sud-coréennes fantoches ne devraient jamais oublier que les relations inter-coréennes actuelles sont à une croisée des chemins cruciale entre leur maintien ou l'interruption totale», avertit le texte de Pyongyang.

Une interdiction des passages par la frontière commune signifierait la fermeture de fait du complexe industriel de Kaesong, situé en Corée du Nord, juste au-delà de la ligne de démarcation et financé par la Corée du Sud.

Quant aux lignes téléphoniques directes entre le Nord et le Sud, la Croix-Rouge en avait cinq au bureau de liaison de Panmunjom et les armées des deux Etats ont six canaux fixes de communication, selon le ministère sud-coréen de l'Unification.

Les annonces de mercredi interviennent après des mois de tensions entre les deux Corée, avec notamment des menaces par Pyongyang d'expulser tous les Sud-Coréens de Kaesong.

Les relations inter-coréennes se sont sensiblement dégradées depuis l'arrivée au pouvoir à Séoul du président Lee Myung-bak en février, un conservateur qui prône une ligne intransigeante à l'égard de Pyongyang.

La Corée du Nord avait menacé fin octobre d'expulser les quelques responsables Sud-Coréens encore présents sur le complexe de Kaesong, si Séoul ne faisait pas cesser une campagne de propagande contre le Nord.

Pyongyang protestait contre l'envoi par des militants sud-coréens, depuis la frontière, de milliers de tracts attachés à des ballons, dénonçant le régime nord-coréen.

Le complexe industriel de Kaesong est un symbole du partenariat entre les deux Etats coréens. Il emploie plus de 32.000 Nord-Coréens travaillant pour le compte de 79 sociétés du Sud. Les employés du Nord y sont payés 60 dollars par mois et le complexe génère plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année en biens manufacturés (vêtements, chaussures, sacs, ustensiles de cuisine etc.).