Trois bombes ont explosé quasi-simultanément mardi dans le Sud musulman de la Thaïlande, blessant 71 personnes, dont cinq grièvement, ont indiqué la police et l'armée.

Il s'agit d'une des attaques les plus graves contre des civils depuis le début de l'insurrection dans cette région il y a près de cinq ans, ont déclaré des responsables locaux.

Généralement, ces attentats sont attribués à des groupes d'insurgés séparatistes qui luttent contre l'autorité de Bangkok dans les trois provinces thaïlandaises bordant la frontière malaisienne.

Les explosions de mardi se sont produites dans le district de Sukhirin de la province de Narathiwat.

Une voiture piégée a explosé dans un marché aux fruits, en face d'un bureau de l'administration locale où des chefs de village étaient en réunion, a indiqué à l'AFP le colonel Parinya Chaidilok, porte-parole de l'armée dans le Sud.

Le général Surachai Suebsuk, commandant de la police dans la province de Narathiwat, a dit que deux autres bombes avaient explosé quelques minutes plus tard, une au marché, une autre dans un café situé non loin de là.

Le colonel Parinya a souligné qu'une certaine confusion régnait encore sur le nombre exact d'explosions et que la police enquêtait.

«Comme d'habitude, personne n'a revendiqué (les attentats)», a-t-il dit, ajoutant toutefois que ces actions étaient clairement liées à l'insurrection.

Soixante-et-onze personnes ont été hospitalisées, dont cinq sont dans un état grave, a précisé le porte-parole militaire.

La télévision thaïlandaise a indiqué que deux des explosions avaient été provoquées par des engins fixés à des motos et elle a montré des images de véhicules brûlés et renversés.

Les attentats se sont produits alors qu'il y a à peine une semaine, le nouveau Premier ministre thaïlandais Somchai Wongsawat signalait une amélioration de la situation dans le Sud musulman.

Depuis janvier 2004, l'extrême sud de la Thaïlande est le théâtre d'un vif regain de séparatisme, alimenté par des groupes rebelles dont certains sont d'obédience islamiste.

Plus de 3400 personnes ont été tuées dans les violences qui affectent les provinces de Narathiwat, Pattani et Yala, où la population d'ethnie malaise est très majoritairement musulmane, contrairement au reste de la Thaïlande essentiellement bouddhiste.

La région de l'extrême sud, où la plupart des habitants ne parlent pas thaï, était un sultanat autonome avant son annexion il y a plus d'un siècle par la Thaïlande.