Les secouristes luttaient contre la montre jeudi pour apporter de l'aide aux villages reculés du sud-ouest du Pakistan, où le séisme de la veille pourrait avoir fait plus de 300 morts, ensevelis sous les décombres de milliers de maisons.

Le séisme de magnitude 6,4 a surpris dans leur sommeil, mercredi à l'aube, les habitants de cette région pauvre et montagneuse. Certains villages, comme celui de Wam, ont été rasés en quasi-totalité.

Depuis, des répliques incessantes, plus de 250 selon les services de sismologie, alimentent l'angoisse des survivants, les maisons restées debout étant pour la plupart fissurées.

«Le bilan des morts pourrait être de 300 ou même plus», a déclaré à l'AFP un ministre du gouvernement provincial du Baloutchistan, Zamarak Khan.

Un responsable local de la Santé, Ayub Kakar, a dit avoir dénombré 300 morts, soulignant que les secouristes pourraient découvrir de nouvelles victimes à mesure qu'ils atteignent des hameaux isolés.

Selon la tradition musulmane, les villageois enterrent leurs proches très vite, ce qui rend impossible tout recensement officiel.

Un ministre provincial, Zamarak Khan, avait fait état plus tôt d'un bilan provisoire de 215 morts.

Jeudi, les secours arrivaient lentement dans la région, située à l'est de Quetta, la capitale du Baloutchistan, en raison en partie des dégâts subis par les routes.

Des tentes, des couvertures, de la nourriture et du matériel médical avaient commencé à affluer mercredi, mais en nombre insuffisant. De nombreux rescapés ont passé une première nuit dehors, par un froid glacial, malgré la mobilisation de l'armée et des organisations caritatives.

La peur des répliques en a incité beaucoup d'autres à quitter les maisons encore debout.

Le général Tariq Rashid Khan, qui supervise les secours, a estimé que la moitié des 100.000 habitants de la région de Ziarat, une petite ville historique au centre de la zone sinistrée, avaient perdu leur maison ou subi de graves dommages.

«Nous distribuons 9.500 couvertures, 2.000 tentes et 5.600 vestes chaudes», a-t-il déclaré à la presse dans le village de Kawas, proche de Wam. «Mais cette aide ne représente que moins de la moitié de la demande», a-t-il admis.

Les Etats-Unis, le Canada et l'Inde se sont dits prêts à envoyer des secours. L'Organisation Mondiale de la Santé a annoncé qu'elle envoyait de l'aide d'urgence pour 50.000 personnes.

Mais en dépit de la mobilisation dans le pays et à l'étranger, certains villages n'avaient encore rien vu venir jeudi et les mêmes appels désespérés se répétaient dans les champs de ruines.

Comme à Kan Bangla, à 35 kilomètres de Ziarat, où des femmes voilées serraient dans leurs bras leurs enfants, pour certains déjà tombés malades.

Jaan Baba, un homme âgé, blessé, montrait les tentes de fortune montées par les villageois. «Certains enfants n'ont pas même un pull-over ou des chaussures», confiait-il. «Nous n'avons vu personne, ni du gouvernement, ni des organisations humanitaires. Nous avons besoin d'abris, de couvertures, de nourriture et de médicaments».

«Je ne suis pas content des secours», a déclaré à l'AFP le maire de Ziarat, Dilawar Kakar. «Nous ne recevons pas l'aide que nous attendions du gouvernement. C'est très lent».

Selon lui, 8.000 maisons ont été détruites et 45.000 autres menacent de s'effondrer.

Le Pakistan est fréquemment secoué par des séismes, dont l'un des plus meurtriers, de magnitude 7,6, avait fait 74.000 morts et 3,5 millions de sans-abri le 8 octobre 2005 dans le nord du pays, en particulier dans la région himalayenne du Cachemire.

Le région de Quetta avait déjà été dévastée par un séisme en 1935, qui avait fait 30.000 morts.