Des camions indiens et pakistanais chargés de fruits ont franchi mardi, pour la première fois depuis 60 ans, la frontière de facto qui coupe le Cachemire en deux, en plein regain de tensions du côté indien de ce territoire himalayen.

Un convoi de 13 poids lourds chargés de pommes est parti de Salamabad, côté indien, pour se rendre au Cachemire pakistanais, tandis que 14 camions remplis de fruits du Pakistan ont fait le chemin dans l'autre sens, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette ouverture de la Ligne de Contrôle (LoC) qui sépare depuis 1949 le Cachemire indien du Cachemire pakistanais s'inscrit dans le laborieux processus de paix relancé en 2004 entre New Delhi et Islamabad, les deux puissances nucléaires voisines d'Asie du Sud.

«C'est un jour historique qui va sûrement doper l'économie des deux Cachemire», s'est félicité le gouverneur de l'Etat indien du Jammu-et-Cachemire, depuis Salamabad à 12 km de la LoC. «J'espère que c'est annonciateur de paix dans la région», a-t-il dit.

Une ligne d'autobus relie déjà depuis 2005 les deux Cachemire et les camions devraient circuler deux fois par semaine entre Srinagar, capitale d'été du Cachemire indien, et Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais.

Le Jammu-et-Cachemire, dans l'extrême nord de l'Inde, est sous tension depuis juin à la suite d'un conflit sur l'allocation de terrains entre des pèlerins hindous et des musulmans majoritaires dans cet Etat.

Depuis, les affrontements intercommunautaires et les violences policières ont fait 45 morts.

Le Cachemire indien vit là sa plus grave crise depuis le déclenchement en 1989 d'une insurrection séparatiste, récupérée par des islamistes, qui a fait au moins 43.000 morts.

Par ailleurs, l'armée indienne accuse depuis des semaines le Pakistan de violations répétées du cessez-le-feu le long de la LoC.

Le Pakistan et l'Inde sont nés de la partition sanglante et bâclée de l'Empire britannique des Indes les 14 et 15 août 1947. Depuis, la question du Cachemire a provoqué deux des trois guerres entre New Delhi et Islamabad. Ils ont conclu en novembre 2003 un cessez-le-feu sur la LoC et rouvert en janvier 2004 leur dialogue de paix.