Au moins 27 personnes ont été tuées lundi dans un attentat suicide perpétré dans le nord du Sri Lanka par les rebelles tamouls visant le premier parti de l'opposition au gouvernement, ce dernier menant une grande offensive dans cette région contre la guérilla séparatiste.

 

Dans l'une des pires attaques suicide de l'année dans cette île en guerre depuis 36 ans, 80 personnes ont été blessées, a précisé le porte-parole du ministère de la Défense, le général Udaya Nanayakkara, accusant les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

L'explosion est survenue dans la ville septentrionale d'Anuradhapura devant les locaux du principal parti politique de l'opposition au président sri-lankais Mahinda Rajapakse, le Parti national unifié (PNU).

Parmi les victimes, le ministère a annoncé la mort du chef local du PNU, le général à la retraite Janaka Perera et de son épouse.

L'officier général était un ancien combattant, héros de guerre pour l'une des plus grandes victoires militaires du Sri Lanka contre la rébellion tamoule en 1996.

Mais depuis 2002, il était partisan de la paix avec les Tigres tamouls.

Le PNU avait été au pouvoir à Colombo jusqu'à la fin de l'année 2002. Le premier ministre de l'époque issu de ses rangs, Ranil Wickremasinghe, avait même négocié le cessez-le-feu de février 2002 avec les Tigres tamouls. Une trêve scellée sous l'égide de la Norvège, mais rompue en janvier dernier.

M. Wickremasinghe avait été congédié en novembre 2002 par le président de l'époque, Chandrika Kumaratunga, pour avoir voulu accorder une plus grande autonomie aux Tamouls dans le nord du pays.

Dans ces régions septentrionales, dont une partie est encore contrôlée par les LTTE, l'armée du Sri Lanka a lancé depuis des semaines une vaste opération terrestre et aérienne destinée à faire tomber la «capitale» politique de la guérilla, Kilinochchi.

Les troupes gouvernementales ne sont plus qu'à deux kilomètres de cette ville-repaire du numéro 1 des Tigres tamouls, Velupillaï Prabhakaran, a assuré ce week-end le chef de l'armée de terre. La chute de cette bourgade constituerait un grave revers pour la rébellion encore à la tête d'un mini État tamoul dans le nord, avec sa propre police, ses tribunaux et même ses banques.

Dans ces régions coupées du monde, les combats y font tous les jours des dizaines de morts, dont encore 25 Tigres dimanche.

Le mois dernier, face à l'aggravation des accrochages, les organisations humanitaires internationales et celles des Nations unies se sont retirées du nord, en dépit de craintes pour le sort de plus de 200.000 civils tamouls.

Indépendant de la Grande-Bretagne depuis le 4 février 1948, le Sri Lanka, anciennement Ceylan, peuplé de 20 millions d'habitants, s'enlise dans le plus vieux conflit en cours en Asie: une petite guerre oubliée où alternent phases de combats, attentats et périodes d'accalmie.

En lutte depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et du nord-est de ce pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes. Quelque 70.000 personnes ont été tuées en trois décennies et des milliers sont mortes depuis le regain de violences de la fin 2005 lorsque le président Rajapakse a été élu.

Enhardi par le retrait des Tigres à l'été 2007 de l'est de l'île, ce chef de l'État nationaliste cinghalais voulait anéantir la rébellion tamoule avant l'été 2008, avant de jurer de le faire d'ici à la fin de l'année.

Mais, relèvent des experts, le Sri Lanka a toujours sous-estimé la puissance de frappe des LTTE. Ainsi, outre des attentats suicide contre des militaires et des civils, les Tigres ont mené ces 18 derniers mois des raids aériens humiliants contre des infrastructures de l'armée.