Le négociateur en chef américain sur le dossier nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, est arrivé mercredi en Corée du Nord pour tenter de sauver les négociations sur la dénucléarisation du régime communiste qui menace de reprendre ses activités atomiques.

 

Invité par les autorités communistes, M. Hill a franchi vers 22 h HAE la frontière intercoréenne au niveau du village neutre de Panmunjom, dans la Zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corées, a-t-on appris de source militaire américaine.

«Je dirais que nous traversons une période de négociations très difficile», avait-il déclaré mardi soir à Séoul à l'issue d'un entretien avec son homologue Kim Sook. Il s'agit de la troisième visite au Nord en 16 mois de ce diplomate chevronné qui fut l'un des négociateurs de l'accord de paix en Bosnie au milieu des années 90.

Sa mission s'avère délicate tant les négociations à six pays (Japon, les deux Corées, la Russie, la Chine et les États-Unis) sur la dénucléarisation de la Corée du Nord sont actuellement dans l'impasse.

Ces tractations intermittentes, lancées en août 2003 et marquées par un accord arraché en 2007, achoppent sur les modalités de vérification du processus de démantèlement des activités atomiques du Nord.

Les autorités américaines exigent que Pyongyang accepte un mécanisme complet de vérification, avec inspections surprises des sites, accès à des échantillonnages de matériaux et d'équipements notamment.

De son côté, le régime communiste soutient que ces inspections ne figuraient pas dans l'accord de 2007. Il dénonce à l'envi une atteinte à sa dignité, comparant les inspections exigées par Washington aux «fouilles» opérées par les forces américaines dans les foyers irakiens.

Depuis, les parties campent sur leurs positions.

Les États-Unis refusent de retirer la Corée du Nord de sa liste noire des pays soutenant le terrorisme (un retrait permettrait au régime communiste de bénéficier d'aides américaines et de débloquer les prêts d'organisations internationales).

De son côté, Pyongyang fait monter les enchères: il a expulsé le 24 septembre les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) du site de retraitement de son principal complexe de Yongbyon. Il menace également de relancer ses installations nucléaires et d'y réintroduire des matériaux fissiles.

Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant une source gouvernementale sud-coréenne, des fumées ont été récemment décelées près du site où le Nord a procédé à l'essai de sa première bombe atomique le 9 octobre 2006.

«Nous surveillons étroitement afin de déterminer si la Corée du Nord tente de remettre le site nucléaire en état», a confié cette source sous le couvert de l'anonymat.

Afin d'apaiser les tensions, Christopher Hill pourrait soumettre une solution de compromis au régime communiste. «Les États-Unis ont une version amendée du protocole de vérification», selon une source diplomatique citée par Yonhap.

Le Washington Post indiquait récemment que M. Hill pourrait proposer au régime communiste de traiter directement avec la Chine, hôte des pourparlers et proche alliée de Pyongyang, en matière de vérifications.

Le président américain George W. Bush retirerait alors, à titre provisoire, la Corée du Nord de la liste noire américaine.

Cette solution, selon le Post, aurait le mérite de ne pas faire perdre la face au régime communiste qui pourrait alors se targuer d'avoir été retranché de la liste noire avant l'annonce d'un accord sur les inspections.

Selon le Département d'État américain, M. Hill doit se rendre vendredi en Chine puis au Japon.