Le favori dans la course au poste de premier ministre du Japon, Taro Aso, s'est présenté comme un «faucon» pour les questions de politique étrangère et de sécurité nationale, vendredi lors d'une conférence de presse.

Le Parti libéral démocrate (PLD, droite, au pouvoir) va élire lundi son nouveau président lors d'un vote interne. Le vainqueur sera assuré d'être désigné premier ministre par la Chambre des députés où le parti est majoritaire.

Ancien ministre des Affaires étrangères aux convictions nationalistes, M. Aso, 68 ans, postule pour la quatrième fois et fait figure de grand favori pour ce scrutin.

«Suis-je un faucon? Si par faucon vous pensez à quelqu'un de déterminé à sacrifier sa vie pour défendre la paix et la stabilité du monde et l'intérêt national du Japon, alors oui je suis un faucon», a déclaré M. Aso, aux côtés des quatre autres candidats à la présidence du PLD lors d'une conférence au Club des correspondants étrangers de Tokyo.

Précisant le rôle qu'il voulait voir jouer au Japon sur le plan international, M. Aso a évoqué celui d'une «force stabilisatrice en Asie», une tâche que les Japonais doivent accomplir «avec les Américains», leurs plus proches alliés.

«Quand l'avenir devient imprévisible, vous devez discuter avec vos amis», a-t-il expliqué, à savoir, outre les États-Unis, «l'Australie, l'Inde, l'Union européenne, l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord, ndlr)», a-t-il cité.

Vis-à-vis des proches voisins du Japon, la Chine et la Corée du Sud, l'ancien chef de la diplomatie japonaise a prévenu «qu'un certain nombre de problèmes (allaient) émerger», sans préciser lesquels.

«Mais nous ne devons pas nous affoler car le Japon, comme la Chine et la Corée du Sud, ont intérêt à prospérer ensemble», a ajouté M. Aso.

Les relations entre le Japon et ses deux voisins restent complexes et marquées par la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945) et l'occupation partielle de la Chine par Tokyo pendant la Seconde guerre mondiale.

M. Aso n'a pas souhaité dire s'il se rendrait ou non au sanctuaire shintoïste de Yasukuni à Tokyo, où sont honorées les âmes de 2,5 millions de soldats morts pour le Japon, y compris 14 criminels de guerre de la Seconde guerre mondiale.

M. Aso a renvoyé La Presse à un document qu'il avait écrit il y a deux ans en tant que ministre des Affaires étrangères, à la fin du mandat du premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), dont les fréquentes visites au sanctuaire avaient profondément irrité la Chine et la Corée du Sud.

M. Aso avait alors proposé de «nationaliser» Yasukuni, aujourd'hui placé sous la gestion du culte shintoïste. À l'époque, il avait espéré que l'Empereur du Japon puisse un jour retourner dans ce lieu de culte, sans se prononcer sur l'opportunité pour le premier ministre du Japon de s'y rendre.

Il avait en revanche clairement écarté l'idée de sortir les âmes des 14 criminels de guerre du sanctuaire pour les distinguer de celles des soldats, une proposition faite à l'époque par des parlementaires pour apaiser Pékin et Séoul.