La Corée du Nord a confirmé vendredi qu'elle se préparait à redémarrer le réacteur nucléaire de Yongbyon qu'elle s'était engagée à démanteler, en vertu d'un accord international avant de renoncer, en représailles au refus américain de la retirer de sa liste des États soutenant le terrorisme.

Les opérations visant au redémarrage du réacteur ont débuté «depuis un certain temps», a déclaré depuis Pyongyang, un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse du régime communiste Korean Central News Agency (KCNA).

«Nous faisons des préparatifs approfondis afin de rétablir (les installations nucléaires)», a précisé Hyon Hak-bong, un responsable du ministère nord-coréen des Affaires étrangères. «On peut dire que nous avons déjà entamé les travaux pour les réactiver», a-t-il déclaré à des journalistes, avant le début de discussions intercoréennes, dans le village neutre de Panmunjon, au centre de la Zone démilitarisée (DMZ).

Après des mois d'impasse dans les négociations, la Corée du Nord avait annoncé fin août avoir suspendu le démantèlement de ses installations atomiques, décidé dans le cadre de pourparlers à Six (Chine, Corée du Nord, Corée du Sud, États-Unis, Japon, Russie) entrepris en novembre. Pyongyang avait également menacé de réactiver son principal réacteur, face au refus américain de la retirer de sa liste des États soutenant le terrorisme.

«Maintenant que les vraies couleurs américaines sont apparues au grand jour, la Corée du Nord ne souhaite plus être retirée de la liste des États +soutenant le terrorisme+ et n'attend plus que cela se produise», a ajouté le porte-parole nord-coréen cité par KCNA.

La présence de la Corée du Nord sur cette liste l'empêche de bénéficier de l'aide américaine et bloque les prêts d'organisations internationales.

Pour retirer Pyongyang de sa liste noire, Washington exige que la Corée du Nord accepte un mécanisme complet de vérification: inspections surprises des sites, accès à des échantillonnages de matériaux et d'équipements etc..

Mais Pyongyang estime qu'une telle exigence n'est pas prévue dans l'accord à Six et rejette la responsabilité du blocage sur Washington.

De telles exigences avaient conduit à la guerre en Irak, a affirmé le responsable nord-coréen Hyon Hak-bong vendredi, en ouverture de discussions intercoréennes sur l'aide énergétique au Nord. «Les États-Unis veulent pouvoir aller partout à tout moment pour collecter des échantillons et mener des inspections à l'aide d'équipements de mesure», a déploré ce diplomate.

Le négociateur américain sur le nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, avait indiqué début septembre que les États-Unis retireraient «immédiatement» la Corée du Nord de leur liste des États soutenant le terrorisme si elle acceptait un mécanisme de contrôle de ses installations nucléaires.

M. Hyon a assuré que la Corée du Nord avait «parfaitement» achevé 90% du démantèlement de ses installations.

En échange du démantèlement, la Corée du Nord devait recevoir une importante aide énergétique, dont la moitié a été fournie. Vendredi, Hwang Joon-kook, chef de la délégation sud-coréenne à Panmunjon, a assuré que le reste de l'aide serait bien livré.

Pyongyang a par ailleurs démenti vendredi des informations sur l'état de santé du leader nord-coréen Kim Jong-il, 66 ans, opéré, selon les autorités sud-coréennes à la suite d'une attaque cérébrale, estimant qu'elles étaient erronées et nuisaient aux relations avec Séoul.

«C'est un sophisme (raisonnablement plausible mais faux, NDR) lancé par des gens malfaisants qui veulent briser l'unité entre les deux Corées», a déclaré le responsable nord-coréen Hyon Hak-bong, aux journalistes à Panmunjon.