La découverte de mélamine dans le lait classique a provoqué une psychose vendredi en Chine avec le retrait massif de produits laitiers des rayons des magasins, ainsi que la colère de nombreux consommateurs.

Yili, Mengniu et Guangming, trois grandes marques chinoises bénéficiant jusqu'à présent de la confiance du public, ont dû rappeler une partie de leurs produits après que les autorités eurent découvert dans certains de leurs lots des traces de ce produit chimique utilisé pour la fabrication de plastique.

«Tous les produits qui ont des problèmes ont été retirés de nos magasins», a indiqué à l'AFP Mme Zhao, une responsable de Jian-Mart, une chaîne de supermarchés chinoise.

A Hong Kong, l'ancienne colonie britannique qui est repassée sous le giron chinois en 1997, les deux principales chaînes de supermarchés ont décidé vendredi de retirer de leurs rayons tous les produits de Mengniu.

«Nous suivons de près la situation en Chine. Nous agissons de notre propre initiative, la sécurité du public étant notre priorité», a dit à l'AFP une porte-parole de Wellcome, l'une des deux chaînes avec Park'n Shop à avoir décidé le retrait de la marque.

Vendredi, l'Administration chinoise en charge du contrôle de qualité a fait état des résultats d'une enquête nationale, montrant que 24 des 295 lots contrôlés provenant des trois sociétés avaient été contaminés.

«Les producteurs doivent rappeler leurs produits lorsque de la mélamine est découverte», indique l'Administration sur son site internet.

Cette enquête avait été lancée après la découverte de mélamine dans du lait maternisé, un scandale de sécurité alimentaire qui a provoqué le décès d'au moins quatre enfants et rendu malade plus de 6.200.

L'adjonction de cette substance chimique, une pratique illégale, est destinée à faire apparaître le taux en protéine du lait plus élevé.

Les trois sociétés mises en cause n'étaient pas joignables vendredi.

Certains distributeurs se sont plaints vendredi des pertes occasionnées.

«Normalement nous pouvons vendre quotidiennement pour 53.000 yuans (plus de 5.000 euros) de produits laitiers, mais aujourd'hui nous avons fait moins de 10.000 yuans», a témoigné Wang Feiqi, responsable d'un magasin de la chaîne Wu-Mart.

«Cela durera au moins une semaine ou deux, les consommateurs n'achèteront plus ces produits tant qu'ils n'auront pas atteint les normes nationales», a-t-il ajouté.

Reflétant la colère d'une partie de la population, Cathy Wang, une vendeuse de bijoux de Pékin, réclame une action forte du gouvernement.

«Les criminels méritent la mort et il devrait y avoir un procès public», lance cette femme de 46 ans. «Et les autorités de supervision aussi devraient être sévèrement punies pour avoir négligé leurs responsabilités», poursuit-elle, en sirotant une tasse de thé dans un café Starbucks privé de lait et de cappucinos depuis le matin.

Des écoles internationales de Pékin, comme le lycée français ou l'école suédoise, ont informé les parents qu'elles retiraient les produits laitiers de leurs menus.

Dans un supermarché de la ville, Cui Hongchun, 36 ans, explique qu'il était un acheteur régulier d'une des marques de lait mises en cause, pour son fils de huit ans.

«Je suis inquiet, car je l'achetais spécialement en raison de son taux élevé de protéine, je les poursuivrai en justice si mon fils a des problèmes de santé», affirme-t-il.

Les autorités ont annoncé à ce jour l'arrestation de 18 personnes pour leur implication dans le scandale du lait en poudre frelaté.