Le président désigné du Brésil Jair Bolsonaro a remis une nouvelle fois en cause la compétence des médecins cubains exerçant dans son pays, assimilant leurs conditions de travail à de « l'esclavage », deux jours après la décision de La Havane de les rappeler.

Lancé en 2013 par la présidente de gauche Dilma Rousseff, le programme Mais médicos (plus de médecins) a permis, notamment grâce l'envoi de milliers de médecins cubains, de fournir des soins à des populations de régions pauvres et rurales du Brésil.

« Devons-nous vraiment laisser les plus pauvres entre les mains de ces professionnels sans avoir de garantie [sur leurs compétences] ? C'est injuste, c'est inhumain », a affirmé le président désigné d'extrême droite à l'issue d'une rencontre avec le commandant en chef de la Marine à Rio de Janeiro.

Mercredi, Cuba avait annoncé la fin de sa participation au programme, en raison de « déclarations menaçantes » de M. Bolsonaro, qui avait entre autres conditionné la présence de ces médecins au passage de tests de compétence.

L'association nationale des maires du Brésil (FNP) a tiré la sonnette d'alarme, rappelant dans un communiqué que près de 80 % des municipalités du pays « dépendent exclusivement du programme pour les soins médicaux et que 90 % de la population indienne est traitée par des professionnels cubains ».

Selon le ministère cubain de la Santé, depuis août 2013, près de 20 000 médecins cubains ont soigné plus de 113 millions de patients au Brésil.

Il en reste environ 8000 actuellement, dont 6000 devraient rentrer à Cuba d'ici Noël, a annoncé La Havane jeudi.

Jair Bolsonaro a également réitéré que les médecins cubains devraient recevoir « l'intégralité de leur salaire » et a critiqué le fait qu'ils ne pouvaient amener leurs famille au Brésil.

« Les médecins cubains sont pratiquement soumis à des conditions d'esclavage. Imaginez si on vous obligeait à rester loin de votre famille tout en confisquant 70 % de votre salaire », a répondu le président élu à une journaliste qui lui demandait comment il répondait aux critiques.

M. Bolsonaro a aussi réaffirmé son intention d'accorder le statut de réfugié politique à tout médecin cubain souhaitant rester au Brésil.  

L'envoi par Cuba de médecins à l'étranger est une tradition de longue date, mais aussi sa principale source de revenus (évalués à autour de 11 milliards de dollars par an), devant le tourisme et les envois d'argent par les Cubains émigrés à leurs familles.