Le président du Brésil, Michel Temer, a ordonné mardi par décret l'utilisation des forces armées pour « garantir la sécurité » à sa frontière avec le Venezuela, d'où affluent depuis des mois des réfugiés, et a déploré une crise qui « touche toute l'Amérique latine ».

« Je décrète l'envoi des forces armées pour garantir la loi et l'ordre dans l'État de Roraima [...] du 29 août au 12 septembre », a annoncé le chef de l'État, « afin de garantir la sécurité des citoyens brésiliens, mais aussi des immigrants vénézuéliens qui fuient leur pays ».

M. Temer a ajouté que la situation migratoire était « tragique » et « menaçait l'harmonie de quasiment tout le continent ». « Ce n'est pas seulement le Brésil qui endure ces conséquences, mais le Pérou, l'Équateur, la Colombie et d'autres pays d'Amérique latine », a-t-il dit lors d'une allocution télévisée en soirée.

« Pour cette raison, nous devons trouver de toute urgence un chemin pour changer cette situation », a-t-il insisté, appelant « la communauté internationale à adopter des mesures diplomatiques » contre l'exode de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique avec diverses pénuries.

« Le Brésil respecte la souveraineté des États, mais nous devons nous souvenir que seul est souverain un pays qui respecte son peuple et en prend soin », a-t-il lancé à l'administration du président Nicolas Maduro.

Le Brésil a accueilli quelque 60 000 réfugiés du Venezuela à ce jour, et le Pérou, qui s'attend à en recevoir un nombre total d'un demi-million, vient de restreindre leur accès à son territoire.

Le chef de l'État brésilien n'a pas précisé combien d'hommes étaient concernés par ce décret, pris une dizaine de jours après une explosion de colère contre les migrants dans la localité frontalière de Pacaraima, où une foule d'habitants a chassé des centaines de Vénézuéliens et brûlé leurs biens.

Le ministre de la Défense, Joaquim Silva e Luna, a affirmé ensuite que « les troupes étaient déjà positionnées » à la frontière, tandis que celui de la Sécurité institutionnelle, Sergio Etchegoyen, indiquait : « Nous avons besoin de discipliner » les flux de migrants.

Un gouvernement vénézuélien très isolé sur la scène internationale a assuré que les migrants allaient « revenir » grâce aux réformes économiques du président Maduro.

Selon les Nations unies, sur les 2,3 millions de Vénézuéliens vivant à l'étranger, plus de 1,6 million sont partis depuis 2015. Quelque 90 % d'entre eux se sont réfugiés dans les pays de la région.

Face à l'ampleur du phénomène, l'ONU a annoncé qu'elle allait mettre en place une cellule de crise régionale.