Les Vénézuéliens réfugiés dans le nord du Brésil redoutaient lundi de nouvelles violences après celles de la fin de semaine, mais le flux à la frontière avait retrouvé un rythme normal.

La présence d'hommes de la Force nationale brésilienne était visible près du poste-frontière de la ville de Pacaraima, dans l'État de Roraima, avant même l'arrivée de renforts, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dimanche, le gouvernement brésilien a ordonné l'envoi de troupes - un contingent de 120 membres de la Force nationale - dans cette zone frontalière après des heurts violents entre la population locale et des migrants vénézuéliens.

Le vol et l'agression d'un commerçant, attribués à des Vénézuéliens, ont causé les affrontements. Des dizaines d'habitants de cette localité, où vivent un millier de migrants dans la rue, ont détruit leurs deux principaux camps de fortune et brûlé leurs affaires. Des coups de feu ont été tirés, et les magasins, fermés.

Quelque 1200 migrants ont préféré retourner dans leur pays, qu'ils avaient fui en raison de la crise économique et sociale.

Des témoins de ces scènes ont assuré n'avoir jamais été confrontés à une telle violence.

« On a eu peur, on ne savait vraiment pas ce qui allait se passer », a déclaré à l'AFP un cambiste, préférant ne pas dévoiler son identité.

« Nous payons pour les coupables. Nous ne sommes pas responsables de ce que notre gouvernement fait de travers », déclare Jorge Idrogo, un Vénézuélien de 22 ans, qui vend de la nourriture dans la rue pour faire vivre sa famille.

« La fermeture de la frontière est inenvisageable, car elle serait illégale », a déclaré Sergio Etchegoyen, le ministre de la Sécurité institutionnelle. Il a assuré que la situation à la frontière était « plus calme, avec certes des tensions, mais sans perspective de conflit ».

D'après le colonel Zanatta, qui dirige la base à Pacaraima de la Operación Acogida, qui accueille des réfugiés, quelque 900 Vénézuéliens, nouveaux arrivants, devaient se faire enregistrer lundi.

« Environ 1200 migrants sont retournés au Venezuela » dans la nuit de samedi à dimanche, avait confirmé à l'AFP le porte-parole du groupe multidisciplinaire brésilien (ONG, armée, organisations locales) opérant à la frontière avec ce pays.

Lundi, le président brésilien, Michel Temer, a convoqué une nouvelle réunion ministérielle pour « chercher des solutions » à cette situation tendue.

Pacaraima, une localité de 12 000 habitants, ressent fortement les répercussions de cette migration.

Sa population a augmenté de 10 % ces trois dernières années, depuis le déclenchement de la crise vénézuélienne. La plupart des migrants vivent dans la rue, et les infrastructures de la localité, notamment sanitaires, sont mises à l'épreuve.

Le Brésil n'est pas le premier pays d'accueil des 2,3 millions de Vénézuéliens ayant fui leur pays, mais il leur offre l'avantage de ne pas exiger de passeport à l'entrée sur son territoire.

Au premier semestre, quelque 56 740 Vénézuéliens ont cherché à régulariser leur situation au Brésil pour y obtenir le droit d'asile ou de séjour provisoire.