Des hommes politiques pourraient être impliqués dans l'assassinat de la conseillère municipale noire de Rio de Janeiro, Marielle Franco, a déclaré vendredi le ministre brésilien de la Sécurité publique, Raul Jungmann.

«Je ne vais pas révéler les noms pour ne pas entraver le déroulement de l'enquête, mais nous avons une implication d'agents publics et de politiques», a affirmé le ministre.

Mme Franco, conseillère du Parti du socialisme et de la liberté (PSOL, extrême-gauche), fervente protectrice des minorités et fortement engagée contre la violence policière, a été tuée à l'âge de 38 ans le 14 mars, ainsi que son chauffeur, sa voiture criblée de balles.

Le drame avait provoqué des manifestations massives dans tout le Brésil.

Un ex-policier et un ancien pompier, soupçonnés d'avoir pris part à l'assassinat, ont été arrêtés en juillet.

«Quand il y a l'implication de personnes de pouvoir, de fait, ils ont (...) une capacité à mobiliser des moyens de défense, pour résister. Mais je n'ai aucun doute: il n'y a rien qui puisse les empêcher d'être dénoncés, tous», a ajouté M. Jungmann devant les journalistes.

Selon la presse brésilienne, les hommes politiques impliqués dans l'assassinat seraient trois députés de l'État de Rio de Janeiro, du parti Mouvement démocratique brésilien (MDB) du président Michel Temer.

Il s'agirait d'Edson Albertassi, de Paulo Melo et de l'influent ex-président de l'Assemblée législative de Rio, Jorge Picciani, tous trois détenus pour leur implication dans un vaste réseau de corruption dans les transports.

Le député de gauche Marcelo Freixo, mentor politique de Marielle Franco, a confirmé avoir été convoqué par le commissaire responsable des homicides et le procureur, pour évoquer une possible implication de ses trois collègues parlementaires.

M. Freixo avait présidé la commission parlementaire, à laquelle Marielle Franco avait participé, qui s'était attaqué aux puissantes milices d'autodéfense en 2008.

Jusqu'à présent, les autorités privilégiaient la piste menant à ces milices, des groupes qui terrorisent et extorquent les habitants des quartiers les plus pauvres de Rio.

Pour le magazine Veja, l'assassinat de Marielle Franco «serait une forme de vengeance pour atteindre Freixo lui-même».