Le gouvernement brésilien cherche  à annuler une décision de justice qui suspend l'enregistrement auprès des autorités de tout nouveau produit à base de glyphosate, un produit chimique controversé dont la dangerosité supposée est au coeur d'un important procès ces jours-ci aux États-Unis.

Au Brésil, les désherbants au glyphosate sont très utilisés dans les plantations de soja de la première puissance économique et agricole d'Amérique latine.

Une juge de Brasilia a ordonné la semaine dernière la suspension pour 30 jours «de l'enregistrement de tous les produits» contenant du glyphosate, du thirame (fongicide) et de l'abamectine (insecticide), afin que l'agence brésilienne de veille sanitaire (Anvisa) procède à leur «réévaluation toxicologique».

Cette décision intervient alors que le RoundUp, le désherbant au glyphosate de Monsanto, est attaqué en justice par Dewayne Johnson, un Américain de 46 ans atteint d'un cancer en phase terminale.

Ce tribunal de San Francisco est le premier à mettre sur le banc des accusés le géant agrochimique et les liens possibles entre le cancer et ses produits au glyphosate.

Pour Monsanto, qui vient d'être racheté par l'allemand Bayer, il n'y a aucun lien entre cancer et glyphosate et donc aucune raison d'avertir d'un danger quelconque à propos de cette substance très controversée.

Le glyphosate fait l'objet d'études et de décisions contradictoires depuis de nombreuses années.

Plébiscité par les cultivateurs pour son efficacité et son faible coût, il fait particulièrement polémique en Europe et notamment en France. Il est autorisé au Brésil, deuxième producteur mondial de soja, comme dans plus d'une centaine de pays.

Le ministre brésilien de l'Agriculture Blairo Maggi a annoncé que le gouvernement allait déposer un recours pour tenter d'annuler la décision prise par la juge de Brasilia avant la prochaine récolte.

«Tout le système de semis direct est basé sur le glyphosate» et suspendre l'enregistrement de ce produit «serait un retour en arrière environnemental gigantesque», a affirmé M. Maggi au quotidien Valor.

«Comme tous les désherbants, le glyphosate est réexaminé régulièrement par les autorités de régulation pour garantir son utilisation en toute sécurité», a affirmé Monsanto dans un communiqué.

De son côté, Bayer, la maison mère, a estimé que la décision de justice était liée à une volonté d'«accélérer la mise à jour (...) des évaluations réglementaires» sanitaires menées par l'Anvisa.

«Nous partons du principe que le gouvernement brésilien prendra les mesures nécessaires afin d'annuler cette ordonnance de référé», a ajouté le groupe pharmaceutique allemand.

REUTERS

Dewayne Johnson