Le gouvernement mexicain a réclamé mardi aux États-Unis un renforcement de leur frontière commune pour arrêter le flux illégal d'armes entrant dans le pays, en réponse à Donald Trump qui avait critiqué la criminalité croissante chez son voisin d'Amérique latine.

« S'ils blindaient la frontière [sud] des États-Unis, cela empêcherait l'entrée illégale au Mexique d'armes et d'argent provenant d'activités illégales. La diminution drastique des homicides se verrait quasi immédiatement », a déclaré le ministre de l'Intérieur mexicain, Alfonso Navarrete, lors d'une conférence de presse.

Dans un message sur Twitter mardi matin, le président américain avait argué du nombre record d'homicides en 2017 au Mexique pour justifier une nouvelle fois sa volonté d'une frontière plus sûre avec son voisin.

Interrogé lors d'une conférence de presse sur les propos du président américain, le président élu mexicain, Lopez Obrador, s'est pour sa part voulu conciliant et a prôné « le dialogue ».

Selon les chiffres du gouvernement, 28 711 homicides ont été dénombrés au Mexique en 2017, le nombre le plus élevé depuis la création de cette statistique en 1997.

Et, en 2018, la violence s'est intensifiée avec 15 973 homicides enregistrés au premier semestre.

Le Mexique est frappé par une vague de violence liée au crime organisé dans le trafic de drogue. Selon le ministre de l'Intérieur, elle a pour principale source d'approvisionnement l'argent et les armes qui affluent des États-Unis.

Durant sa campagne présidentielle, Donald Trump avait appelé à la construction d'un mur le long des plus de 3000 kilomètres de sa frontière sud, qui, selon lui, doit être payé par le Mexique afin de cesser le passage des migrants ainsi que le trafic de drogue.

Lopez Obrador a déclaré ne pas vouloir « parler de ce sujet ». « Nous n'avons pas ce mot [NDLR : mur] à l'ordre du jour. Ce que je veux, c'est une relation d'amitié », a-t-il insisté.

Le Mexique, les États-Unis et le Canada sont en pleine renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). L'ALENA est crucial pour le Mexique, qui exporte 80 % de ses biens, essentiellement des biens manufacturiers comme les voitures, mais aussi des produits agricoles, vers les États-Unis.

« Pour faire face au phénomène migratoire et à l'insécurité dans le pays et à la frontière, nous cherchons un accord favorable à la croissance économique et à la création d'emplois », a déclaré M. Obrador au sujet de ces pourparlers qui ont repris la semaine dernière.

« Nous pensons parvenir à un accord dans les jours à venir, nous espérons le plus rapidement possible ».