Au moins deux personnes sont mortes et 54 autres ont été blessées mercredi au Nicaragua dans des affrontements entre manifestants et partisans du gouvernement de Daniel Ortega, au lendemain de la suspension du dialogue national visant à mettre fin à la crise politique, a-t-on appris jeudi.

Depuis le début des manifestations le 18 avril, déclenchées par une réforme des retraites (depuis abandonnée) puis devenues un mouvement de protestation contre le manque de libertés dans le pays, 76 personnes ont perdu la vie et plus de 800 ont été blessées, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme.

Ce bilan n'inclut pas les blessés et tués de mercredi, dans des affrontements survenus dans la ville de Leon, à 90 kilomètres au nord-ouest de la capitale Managua, selon la Croix-Rouge et des proches des victimes.

Manuel Chévez, 31 ans, a été tué par balle quand des partisans du gouvernement ont tenté de déloger des étudiants et habitants qui avaient installé une barricade sur la principale voie d'accès à Leon, a indiqué à l'AFP sa tante Justa Ramirez.

«Il a reçu un tir de (fusil) AK, car c'est un tir d'AK qu'il a au front», a-t-elle affirmé.

Luis Diaz, manifestant progouvernement, est lui aussi décédé, visiblement touché par un tir de mortier artisanal, selon le directeur local de la Croix-Rouge, Marcio Ocon.

Les affrontements entre les deux camps ont duré cinq heures et fait 54 blessés, dont 10 dans un état grave, atteints par des tirs d'armes à feu, de balles de caoutchouc, de mortier ou souffrant de contusions, a-t-il ajouté.

D'autres heurts ont été signalés dans plusieurs villes du Nicaragua, entre manifestants, policiers et sympathisants du gouvernement.

La Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN) a suspendu mercredi le dialogue national destiné à mettre fin à la crise politique, faute d'accord entre le gouvernement et les opposants sur la démocratisation du régime.

Le gouvernement de Daniel Ortega, ex-guérillero au pouvoir de 1979 à 1990, revenu à la tête du pays en 2007, a refusé de discuter d'un agenda qui prévoyait notamment d'avancer l'élection présidentielle à cette année, dans le but de trouver une solution à la crise.