Le président vénézuélien Nicolas Maduro a été réélu dimanche jusqu'en 2025, lors d'un scrutin déclaré illégitime par ses opposants qui ont dénoncé des pressions sur les électeurs et exigé un nouveau vote.

Après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, le président socialiste sortant remporte 67,7% des voix contre 21,2% à son principal adversaire Henri Falcon, lequel a rejeté le processus électoral, a annoncé la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena, faisant état d'une «tendance irréversible».

Quelque 20 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, et selon le décompte de la commission électorale, sur 8 603 936 de votes, M. Maduro a obtenu 5 823 728 suffrages.

Le taux de participation d'environ 46% est le plus faible de l'histoire du pays.

S'exprimant devant ses sympathisants, Nicolas Maduro s'est lui réjoui d'un «record historique».

«Jamais auparavant un candidat présidentiel n'avait gagné avec 68% des voix du peuple, et jamais auparavant il n'avait 47 points d'avance sur le second candidat», a-t-il dit devant la foule réunie devant le palais de Miraflores.

Mais peu avant les résultats officiels, Henri Falcon a rejeté ce scrutin présidentiel, faute de «légitimité», et exigé la tenue d'une nouvelle élection avant la fin de l'année.

«Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral, pour nous, il n'y a pas eu d'élection. Une nouvelle élection doit être organisée au Venezuela», a déclaré l'opposant Henri Falcon lors d'une conférence de presse, accusant le gouvernement d'avoir fait pression sur les électeurs.

L'adversaire de Nicolas Maduro a pointé du doigt les «points rouges», ces tentes installées par le PSUV, le parti au pouvoir. Après avoir voté, les électeurs sont venus s'y inscrire dimanche dans l'espoir de recevoir la prime promise par le président.

Dissident du chavisme, la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013, Henri Falcon, 56 ans, s'était présenté en quittant la coalition d'opposition (MUD), qui boycotte le scrutin qu'elle qualifie de «fraude» depuis des mois.

L'autre candidat de l'opposition, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, a également dénoncé l'élection quelques minutes après et appelé à un nouveau vote.

«Une fraude» 

Nicolas Maduro était le grand favori de cette élection anticipée, bien que 75% des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, ou d'électricité, conjuguées à la hausse de l'insécurité.

Le tout avec un salaire minimum mensuel qui permet à peine d'acheter un kilo de lait en poudre. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.

Pouvoirs électoral et militaire en main, opposition divisée: la route était dégagée pour le dirigeant socialiste qui se dit l'héritier du chavisme.

Le mandat présidentiel, d'une durée de six ans, doit démarrer en janvier 2019.

De Bogota à Lima, en passant par Santiago ou Madrid, des centaines de Vénézuéliens à travers le monde ont manifesté dimanche pour dénoncer «une fraude».

Outre l'opposition, les États-Unis, l'Union européenne et le groupe de Lima, une alliance de 14 pays d'Amérique et des Caraïbes, rejettent ce scrutin.

Tous accusent également Maduro de saper la démocratie. Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l'opposition qui ont fait 125 morts à la mi-2017, ont été écartés d'un revers de main avec la mise en place d'une assemblée constituante, toute puissante arme politique au service du camp au pouvoir.

«Les élections truquées ne changent rien. Il faut que le peuple vénézuélien gouverne ce pays... une nation qui a tant à offrir au monde», avait tweeté le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13 800%.

AP

Henri Falcon