Les cartels de drogue tentent d'influencer les élections prévues en juillet prochain au Mexique, a affirmé vendredi le ministre de l'Intérieur Alfonso Navarrete.

«Il y a des signaux d'alerte, des tentatives dans plusieurs régions du pays», a admis le ministre, interrogé par des journalistes sur les pressions que subissaient certains candidats de la part du crime organisé.

Le ministre a notamment mentionné la localité de Chilapa, dans l'État de Guerrero (sud), l'un des États les plus violents du pays, où «il y a eu des tentatives d'obliger certains candidats (...) à faire allégeance à un groupe criminel».

«Nous n'allons pas le permettre», a assuré le ministre.

En juillet prochain, les Mexicains éliront leur nouveau président et vont renouveler les sièges des députés et de certains élus locaux.

Deux des principaux candidats à l'élection présidentielle, José Antonio Meade du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, droite), et Ricardo Anaya candidat d'une alliance entre le Parti action nationale (PAN, conservateur) et deux partis de gauche, ont exprimé leur préoccupation devant une possible infiltration des cartels de drogue dans la campagne.

Le vétéran de gauche et actuel favori des sondages, Andres Manuel Lopez Obrador, a cependant lui assuré qu'il ne voyait aucun signe d'ingérence du crime organisé.

Lopez Obrador a déclenché une vive polémique il y a quelques mois en indiquant qu'il n'écartait pas la possibilité de proposer une amnistie aux criminels pour faire diminuer les violences liées au narcotrafic.

Selon l'association nationale des maires, plus de 100 maires, ou anciens maires, ont été assassinés par des groupes criminels depuis 2006.

Vendredi, Gustavo Martin Gomez Alvarez, un candidat aux municipales dans la localité de Francisco Z. Mena, dans l'État de Puebla (centre), a été abattu de onze balles dans un restaurant de cet Etat.

Quelques heures plus tôt, le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, avait averti que la violence politique avait atteint des niveaux «absolument inacceptables» au Mexique.

Obrador officiellement candidat

 Le vétéran de la gauche mexicaine Andres Manuel Lopez Obrador a officiellement déposé vendredi sa candidature à l'élection présidentielle, pour laquelle il est le favori des sondages, promettant une transformation du pays.

M. Lopez Obrador, 64 ans, se présente pour la troisième fois à la présidentielle, cette fois à la tête d'une coalition dirigée par son parti Morena, associé au parti Rencontre sociale (droite) et au Parti du Travail (gauche).

«J'appelle tout le peuple du Mexique à transformer la vie publique du pays» a lancé le candidat à ses partisans après avoir déposé sa candidature devant les autorités électorales.

Vêtu d'un costume sombre et d'une cravate rouge foncé, Lopez Obrador a répété quelques-unes de ses promesses de campagne dont celle de s'attaquer aux «causes de la violence» ou créer un code de conduite pour le «bien-être de l'âme».

Il a également promis d'organiser «tous les deux ans, une consultation citoyenne pour savoir si l'on souhaite qu'il reste à la présidence».

Le candidat a assuré qu'il voulait «rester dans l'Histoire comme un des meilleurs présidents du Mexique» et que cette troisième candidature serait «la dernière».

M. Lopez Obrador, surnommé AMLO, sera opposé à José Antonio Meade, le candidat du parti au pouvoir (PRI, droite) - actuellement troisième dans les sondages -, et à Ricardo Anaya, candidat d'une alliance entre le Parti action nationale (PAN, droite) et deux partis de gauche, le Parti de la révolution démocratique (PRD) et le Mouvement citoyen.

Trois candidats indépendants cherchent à entrer dans la course, mais ils doivent encore faire valider les signatures nécessaires à leur participation.

M. Lopez Obrador, originaire de l'État de Tabasco (sud), a été maire de Mexico entre 2000 et 2005. Il a échoué à deux reprises à la présidentielle, face à Felipe Calderon (2006-2012) puis Enrique Peña Nieto (2012-2018).

Sa popularité actuelle repose en partie sur le rejet des partis touchés par des scandales de corruption, notamment le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) du président Peña Nieto.