Les recherches se concentraient vendredi dans une zone plus restreinte de l'Atlantique sud pour tenter de localiser le sous-marin militaire argentin disparu la semaine dernière, probablement envoyé par le fond par une explosion avec ses 44 membres d'équipage.

Dans la zone où a été enregistrée l'explosion, à 400 km des côtes argentines, en bordure de la plate-forme continentale, les fonds océaniques vont de 200 à 3000 mètres. Au-delà de 600 mètres, le San Juan se disloquerait sous la pression, disent les experts.

«Nous n'avons pas encore pu détecter le sous-marin», a déclaré vendredi le porte-parole de la Marine argentine, Enrique Balbi, précisant que six navires et trois avions étaient sur la zone.

Le San Juan est porté disparu depuis le mercredi 15 novembre à 07h30. Il n'a pas activé ses balises de détresse.

La Marine se refuse à déclarer officiellement qu'il n'y a plus aucune chance de retrouver des survivants, mais les experts du monde sous-marin sont résignés.

Deuil

Et si le sous-marin gît par 3000 mètres de fond, il est probable que les membres de l'équipage n'aient pas de sépulture non plus.

Pour Horacio Tobias, ancien chef d'immersion du San Juan, l'explosion «a été si violente qu'ils n'ont pas eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit».

Pour les proches, le deuil a commencé jeudi, quand la Marine leur a annoncé qu'une explosion était survenue dans le périmètre où se trouvait le sous-marin.

«C'est la première fois que je viens à la base et je viens d'apprendre que je suis veuve. Ils viennent de nous dire que le sous-marin a explosé», a témoigné en fondant en sanglots Jessica Gopar, épouse de Fernando Santilli, électricien du San Juan.

Brenda Salva, une amie du sous-marinier Damian Tagliapietra, raconte que le chef de la base navale lui a dit : «Ils sont tous morts».

«Je veux dire à l'amiral Marcelo Srur (le chef de la Marine argentine) que c'est un incapable, et au président (argentin Mauricio Macri) qu'il mette de l'ordre», s'est emportée Maria Rosa Belcastro, la mère du lieutenant Fernando Villarreal, 38 ans.

Critiques sur l'état du sous-marin

«Un effort national et international de grande ampleur» a été déployé, souligne la marine argentine: plus de 4000 personnes, quatorze navires, dix avions, avec l'aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, du Brésil et du Chili.

Le submersible, un TR-1700 à propulsion diesel et électrique, de fabrication allemande et construit il y a 34 ans, dispose à son bord de «500 tonnes de batteries au plomb et à l'acide, qui libèrent de l'hydrogène s'il y a surcharge des batteries, et l'hydrogène explose au contact de l'oxygène», a expliqué Gustavo Mauvecin, le directeur du Centre de médecine hyperbare de Mar del Plata.

Avant la rupture des communications, le commandant du submersible avait signalé un problème au niveau des batteries, une avarie qui, selon lui, ne l'empêchait pas de poursuivre la navigation vers sa base.

Anticipant une éventuelle localisation du submersible, deux navires ont appareillé mardi du port de Comodoro Rivadavia, en Patagonie argentine, avec un détachement de l'US Navy équipé de matériel de sauvetage, susceptible d'être utilisé en eau profonde, afin de ramener à la surface les membres de l'équipage.

La Russie a annoncé l'envoi d'un navire océanographique disposant d'équipements permettant d'«effectuer des recherches à une profondeur allant jusqu'à 6000 mètres» grâce notamment à deux sous-marins miniatures.

Les critiques ont fusé sur l'état du sous-marin, mais la Marine a répondu qu'«aucune unité n'appareillait si elle n'était pas en capacité de naviguer en toute sécurité».

Vendredi, la presse argentine annonçait que le gouvernement préparait une purge au sein de la Marine, afin de sanctionner des dysfonctionnements, avançant que le ministre de la Défense n'avait été informé qu'avec cinq jours de retard d'une avarie dans les batteries à bord du sous-marin.