Au Venezuela, les positions semblaient irréconciliables entre le président Nicolas Maduro et l'opposition, qui multipliait les manifestations pour demander son départ, mais les deux camps devrait tenter de renouer timidement les fils du dialogue mercredi.

Les pourparlers - sans face-à-face direct dans un premier temps, selon l'opposition - doivent débuter en République dominicaine dans le cadre de la médiation proposée par l'ex-chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et le président dominicain, Danilo Medina.

Cette annonce-surprise, officialisée mardi soir, intervient après des mois de vives tensions dans les rues du Venezuela. En profonde crise politique et économique - avec la chute des cours du pétrole, sa principale richesse -, le pays a été secoué entre avril et juillet par des manifestations quasi-quotidiennes, souvent émaillées de violences, en vue d'exiger le départ du chef de l'État, qui ont fait 125 morts.

C'est le chef de l'État vénézuélien, élu en 2013 et dont le mandat s'achève début 2019, qui a officialisé mardi soir cette reprise des pourparlers. «Zapatero et le président Medina savent bien que j'ai été le promoteur d'un dialogue (avec l'opposition), j'accepte donc cette nouvelle journée de dialogue», a-t-il déclaré lors d'une réunion de son cabinet retransmise à la télévision.

Cette annonce a été suivie de celle de l'opposition vénézuélienne qui, de son côté, s'est limitée à confirmer une réunion mercredi avec le président dominicain.

«Nous avons décidé d'envoyer une délégation pour rencontrer le président Medina afin de présenter les objectifs de la lutte démocratique nationale», a écrit la coalition de l'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD) dans un communiqué.

Mais les adversaires de Maduro préviennent qu'il ne s'agit pas encore d'une reprise du dialogue mais d'une réunion «exploratoire». Les représentants des deux camps ne devraient donc pas se rencontrer pour le moment.

«Actions immédiates»  

«L'invitation du président Danilo Medina ne représente pas le début d'un dialogue formel avec le gouvernement. Le temps des gestes symboliques est terminé. Pour entrer dans une véritable négociation, nous exigeons des actions immédiates qui démontrent une véritable disposition à résoudre les problèmes nationaux et qui ne serve pas à gagner du temps», a écrit la MUD.

Ce n'est pas la première fois que ces deux camps tentent de se parler.

Un dialogue politique entre pouvoir et opposition avait en effet été entamé en octobre 2016 sous l'égide du Vatican et de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR). Mais la coalition de l'opposition vénézuélienne (MUD) avait gelé ces négociations en décembre, accusant le pouvoir de ne pas appliquer des accords déjà conclus sur un calendrier électoral et sur la libération d'opposants emprisonnés.

Depuis, les positions semblaient irréconciliables. Une Assemblée constituante, dotée de très larges pouvoirs, a été élue le 30 juillet lors d'un vote amplement décrié par la communauté internationale. Ses 545 membres sont tous des partisans du pouvoir, après le refus de l'opposition de participer à ce qu'elle considérait une «fraude».

Décriée par une grande partie de la communauté internationale, elle a depuis confisqué les prérogatives du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition.

Le secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres a apporté son «soutien total» à cette initiative via un communiqué et appelé les deux camps à «profiter de cette opportunité».

L'information de ce début de reprise du dialogue avait fuité un peu plus tôt dans la journée depuis Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, évoquant une possible reprise, mercredi en République dominicaine, du dialogue entre le gouvernement vénézuélien et son opposition.

À la mobilisation de la rue de ces derniers mois au Venezuela s'était ajoutée une intense pression diplomatique sur Caracas, doublée de sanctions financières américaines.