L'armée et la police brésiliennes ont lancé lundi une nouvelle opération contre le crime organisé dans plusieurs des favelas les plus violentes de Rio de Janeiro, mais un soldat est suspecté d'avoir averti les narcotrafiquants de l'imminence des raids.

Pour cette troisième opération en deux semaines, plusieurs milliers d'hommes de l'armée de terre, de l'air et de la marine ainsi que des policiers et des agents du renseignement fédéral ont lancé dès l'aube des opérations dans sept favelas, a annoncé le Bureau de la sécurité de l'État de Rio de Janeiro.

Un an après des Jeux olympiques qui avaient été un succès, Rio, la deuxième ville du Brésil, est en plein marasme économique et sa police n'arrive plus à contenir le déferlement de violence entre des bandes rivales de narcotrafiquants qui ont fait des favelas des zones de non-droit et terrorisent la population.

Lundi, un raid a été lancé notamment dans le Complexo do Alemao, une favela où la police n'ose plus s'aventurer, et dans celle de Jacarezinho, où des fusillades ont fait sept morts lors des dix derniers jours seulement.

« Des équipes des forces armées (...) se sont positionnées à des endroits stratégiques pour assurer l'ordre », ont indiqué les services de sécurité, ajoutant que « certaines routes ont été fermées et l'espace aérien a été limité pour l'aviation commerciale ».

La police recherchait 14 suspects, tous des narcotrafiquants présumés, a indiqué la télévision Globo news, avec des noms de code comme « Bamba », « PH » ou « Indio do Mandela » (« Indien de Mandela »).

Une vingtaine de personnes ont été arrêtées, selon agencia Brasil.

Mais un soldat de 19 ans a été arrêté et écroué, soupçonné d'avoir informé des gangs de l'imminence des opérations, a annoncé à l'AFP le colonel Roberto Itamar, qui a par ailleurs évalué à 5000 le nombre de soldats ayant participé à la démonstration de force de lundi.

La police impuissante

« Il a été fait prisonnier sur ordre judiciaire pour association à un trafic et pour divulgation présumée d'information », a-t-il ajouté. Mais il « s'est présenté comme un utilisateur des réseaux sociaux transmettant des informations à ses collègues ».

La télévision Globo News a indiqué de son côté que les trafiquants avaient eu des contacts radio entre eux au cours de la nuit pour « se disperser » avant les raids.

Le gouvernement brésilien a mobilisé fin juillet 10 000 hommes, dont 8500 militaires, pour renforcer la sécurité de Rio, notamment face à la multiplication des vols de cargaisons de camions (une trentaine par jour) et des fusillades dans les favelas.

Une mesure qui a entériné l'impuissance de la police contre le crime organisé, et n'a pas eu d'impact immédiat sur la criminalité dans la métropole de 6,5 millions d'habitants.

Rio a enregistré au premier semestre son plus haut niveau de violences depuis 2009, avec 3457 homicides, soit 15 % de plus que sur la même période en 2016, selon des données officielles.

Une centaine de policiers ont également été tués dans des fusillades depuis le début de l'année. Les conditions de travail déplorables des policiers, dont les salaires sont versés avec des mois de retard, alimentent aussi la corruption.

En juin dernier, 185 policiers ont été visés par des mandats d'arrêt pour avoir collaboré avec des gangs de la drogue, allant jusqu'à leur louer leurs armes lourdes.