Le président vénézuélien Nicolas Maduro a proposé jeudi aux dirigeants de l'opposition de dialoguer avec le gouvernement dans le cadre du processus d'assemblée constituante qu'il a lancé, mais que l'opposition refuse catégoriquement.

«Je confirme mon appel au dialogue», a déclaré M. Maduro lors d'une réunion publique à Caracas, citant les noms de quatre dirigeants de l'opposition qu'il invite à venir à la table de négociations.

«Je confirme, dans le cadre de l'assemblée nationale constituante, être prêt à m'asseoir pour des discussions» avec les responsables de l'opposition, a dit M. Maduro, successeur du président défunt Hugo Chavez (1999-2013).

Mais selon lui, «ils ont peur», car «ils savent (...) que la révolution les bat dans n'importe quelle élection».

L'opposition réclame depuis des mois des élections générales anticipées et organise presque quotidiennement des manifestations pour appuyer cette revendication. Selon des sondages, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent actuellement que M. Maduro quitte le pouvoir.

L'opposition, qui contrôle le parlement, a annoncé qu'elle ne participerait pas au processus d'assemblée constituante impulsé par M. Maduro parce qu'elle considère comme «frauduleux» le système électoral prévu pour désigner les membres de cette assemblée.

Un tiers de ces membres doivent être désignés par des secteurs particuliers de la société dans lesquels le gouvernement a une influence prédominante.

Outre l'élection de l'assemblée constituante, fixée à juillet, le Conseil national électoral (CNE), accusé par l'opposition de servir les intérêts du camp présidentiel, a annoncé pour le 10 décembre les élections des gouverneurs, qui auraient dû avoir lieu en décembre 2016.

Le processus menant à la formation de l'assemblée constituante est désormais lancé, malgré le refus total de l'opposition d'y participer. Le CNE a annoncé jeudi que l'inscription des candidats aurait lieu le 1er et le 2 juin.

L'opposition mène depuis le 1er avril une campagne de manifestations dans tout le Venezuela pour des élections générales et le départ de M. Maduro. Au cours de ces rassemblements, 57 personnes ont été tuées, un millier blessées et plus de 2800 personnes ont été arrêtées, selon l'ONG Foro Penal.

L'opposition a annoncé pour vendredi une nouvelle manifestation à Caracas, en direction d'un centre militaire de la capitale.

«Allons porter un message très clair aux principaux acteurs qui soutiennent Nicolas Maduro et (...) qui peuvent garantir au Venezuela le maintien du respect de la Constitution: les forces armées», a lancé Freddy Guevara, vice-président du parlement.

M. Guevara a ajouté que d'autres manifestations auraient lieu ailleurs dans le pays, sans donner plus de détails. «Nous allons envoyer un message à toutes les casernes», a-t-il assuré.

À Caracas, le cortège tentera d'atteindre Los Proceres, une allée emblématique située à côté du Fort Tuna, le plus important centre militaire du Venezuela.

L'armée, acteur incontournable de la scène politique au Venezuela, a exprimé plusieurs fois sa «loyauté inconditionnelle» au président Maduro, par ailleurs très impopulaire dans ce pays qui vit une profonde crise politique et économique.