L'Union européenne a exhorté lundi le Venezuela à respecter le «droit de manifester pacifiquement», s'inquiétant du renforcement des groupes de civils armés et appelant à des «solutions pacifiques» à la grave crise qui secoue le pays.

L'UE appelle à un «dialogue urgent, constructif et effectif» entre le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro et la majorité parlementaire, largement dominée par l'opposition, afin de créer «les conditions propices à la matérialisation de solutions pacifiques aux défis pluridimensionnels que le pays doit relever».

Le Venezuela est secoué par une vague de manifestations hostiles au chef de l'État, qui ont souvent dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre et en pillages. Elles ont fait en six semaines 38 morts et des centaines de blessés, selon le parquet.

«La violence et le recours à la force ne permettront pas de résoudre la crise que traverse le pays. Les droits fondamentaux des Vénézuéliens, y compris le droit de manifester pacifiquement, doivent être respectés. Il est capital que toutes les parties s'abstiennent de recourir à la violence», constate l'UE dans ce texte adopté lundi par ses 28 ministres des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles.

Presque toutes les marches ont dégénéré en heurts, pillages, échanges de gaz lacrymogènes et de cocktails Molotov entre manifestants et forces de l'ordre.

À cela s'est ajoutée la violence exercée par les «colectivos», des groupes de civils armés, selon l'opposition, par le gouvernement. Les autorités ont en retour accusé l'opposition d'armer des groupes de civils avec l'aide des États-Unis.

«L'annonce selon laquelle les groupes de civils armés verraient leurs effectifs accrus et leurs moyens encore renforcés est préoccupante, car cette mesure risque d'alimenter de nouvelles violences et ne concourt nullement à résoudre la situation», selon le texte, qui juge que «le recours à des tribunaux militaires pour juger des civils va à l'encontre du droit international».

Appelant gouvernement et opposition à faire preuve d'un «esprit constructif», l'UE souhaite qu'un «calendrier électoral» soit établi «afin que le peuple vénézuélien puisse exprimer sa volonté de manière démocratique». Elle réclame aussi la libération des opposants politiques emprisonnés et demande qu'ils puissent participer à des élections.

Plus de 600 000 ressortissants européens vivent au Venezuela, selon l'UE, qui se dit préoccupée par leur «sécurité et bien-être».