Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé jeudi de mettre fin à treize ans de présence des Casques bleus en Haïti, pour les remplacer par une force de police plus restreinte.

La résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil prévoit la fin de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), d'ici au 15 octobre.

Le Conseil a convenu de retirer progressivement les 2370 soldats de la MINUSTAH au cours des six prochains mois.

Cette décision répond également aux voeux de la nouvelle administration Trump de réduire les opérations de maintien de la paix de l'ONU afin de faire baisser les contributions financières américaines.

L'ambassadrice des États-Unis, Nikki Haley, a lancé un réexamen de toutes les missions de maintien de la paix avec l'intention de réduire les coûts et d'améliorer ces opérations, souvent entachées par des scandales d'abus sexuels et de corruption.

La MINUSTAH sera remplacée par une nouvelle force de police chargée de former les forces haïtiennes, baptisée Mission des Nations unies pour le soutien de la justice en Haïti (Minujusth).

Cette nouvelle mission onusienne disposera de sept unités d'environ 1275 policiers au total.

Cette force de police est également destinée à être graduellement réduite, sur deux ans, à mesure que la police haïtienne sera formée.

Abus sexuels 

La MINUSTAH avait été déployée en 2004 après le départ du président Jean-Bertrand Aristide pour aider à endiguer la violence dans cette nation pauvre des Caraïbes, mais elle n'a jamais su gagner la confiance des Haïtiens.

Une épidémie de choléra introduite en 2010 par des Casques bleus népalais a fait plus de 9000 morts. La MINUSTAH a également été accusée d'abus sexuels.

Nikki Haley a évoqué des allégations d'abus sexuels d'enfants par des Casques bleus en Haïti et martelé que ces comportements devaient «cesser».

«Que disons-nous à ces enfants? Est-ce que ces soldats de la paix ont assuré leur sécurité?», s'est-elle interrogée.

L'ambassadrice américaine a cité devant le Conseil de sécurité un récent article de presse selon lequel des Casques bleus sri-lankais offraient de la nourriture à de jeunes garçons et filles, en échange de faveurs sexuelles.

Ces abus sexuels par des militaires onusiens ont été régulièrement dénoncés par des organisations de la société civile et les autorités haïtiennes, y compris l'ancien Premier ministre Jacques Edouard Alexis en 2007.

Le Sri-Lanka avait promis à la même époque une enquête complète sur ces allégations.

«Les pays qui refusent de tenir leurs soldats pour responsables doivent reconnaître que cela doit cesser, ou bien leurs troupes rentreront chez elles et il n'y aura plus d'indemnisation», a ajouté la diplomate américaine.

Avec un budget annuel de 346 millions de dollars, la MINUSTAH ne figure pas parmi les opérations de maintien de la paix les plus coûteuses de l'ONU, mais sa fermeture marque un changement d'orientation vers des missions plus petites. 

Nouvelles réductions 

L'ambassadeur britannique à l'ONU Matthew Rycroft a dit s'attendre à davantage de coupes budgétaires et de fermetures de mission dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU.

«Les Casques bleus font un travail fantastique, mais ils sont très chers et ne devraient être utilisés que lorsque cela est nécessaire. Nous soutenons donc fermement la fin de cette mission (...) et nous allons voir cela se répéter», a prédit M.Rycroft devant les journalistes avant le vote.

Fin mars, le Conseil de sécurité a réduit la taille de la mission de l'ONU en République démocratique du Congo, abaissant le plafond de 19 815 Casques bleus à 16.215.

Les missions au Liberia et en Côte d'Ivoire devraient également être fermées, et la mission conjointe de l'ONU et l'Union africaine dans la région du Darfour, au Soudan, doit être réduite.