Les sauveteurs et habitants de la ville colombienne de Mocoa continuaient mercredi à chercher des corps dans une odeur de mort, une enquête devant déterminer d'éventuelles responsabilités après la coulée de boue qui a fait près de 300 morts et autant de disparus.

Le contrôleur national Edgardo Maya, chargé de vérifier la gestion des fonds publics, cherche à déterminer si les autorités locales avaient pris les mesures de prévention nécessaires concernant les catastrophes naturelles.

«Il ne s'agit pas de répression mais de prévention. Que pèsent les sanctions désormais face à (autant de) morts ?», a-t-il déclaré.

Le maire de Mocoa José Antonio Castro et la gouverneure du département du Putumayo Sorrel Aroca, ainsi que leurs prédécesseurs, doivent être auditionnés par le parquet, selon les médias locaux.

Au moins 290 personnes ont péri et 332 autres ont été blessées dans la nuit de vendredi à samedi dans cette localité du sud de la Colombie, selon le dernier bilan officiel.

Il reste par ailleurs un peu plus de 300 disparus, selon la Croix-Rouge.

Un précédent bilan donné lundi soir par le président colombien Juan Manuel Santos faisait état de 273 morts et 262 blessés.

L'Institut de médecine légale a indiqué que 186 cadavres avaient été identifiés.

Des centaines de personnes, secouristes et habitants désespérés, continuaient à chercher sans relâche leurs proches au milieu des décombres et d'une atmosphère devenue pestilentielle.

«Depuis hier, ça sent mauvais par là, il doit y avoir un mort», raconte un des parents de Luis Eduardo, 46 ans, dont la famille veut retrouver le corps sous un soleil de plomb. La boue commence à durcir, et se transforme en poussière. Les rues sont pleines de gens munis de masques en papier.

Engins de chantier 

Les quartiers les plus affectés par le torrent de boue sont peuplés de déshérités chassés de chez eux par le conflit armé qui s'est poursuivi pendant des décennies avec la guérilla.

Les engins de chantier sont entrés en action mardi pour déblayer les plus gros débris, après que le délai de 72 heures au cours duquel des vies pouvaient encore être sauvées s'est achevé lundi soir.

Selon le ministre de la Défense Luis Carlos Villegas, chargé de la reconstruction à Mocoa, 2800 personnes environ, soit 500 à 600 familles, ont été hébergées dans cinq centres.

Mais la coulée de boue a affecté au total quelque 45 000 habitants, d'après la Croix-Rouge. L'agglomération de Mocoa compte environ 70 000 habitants, selon la gouverneure du Putumayo Sorrel Aroca.

Le pillage est devenu un problème dans certains secteurs de la ville et un début de polémique a vu le jour à propos du manque de forces de l'ordre sur place.

«Ce que la boue n'a pas dispersé, les voleurs l'ont fait», s'est lamenté devant l'AFP Juan Luis Hernandez, 33 ans, un résident du quartier de San Miguel.

Des personnalités locales ont pressé le gouvernement de déployer davantage d'effectifs policiers et militaires pour sécuriser le secteur et prévenir les actes de pillage des maisons abandonnées. Le président colombien a demandé à la police de renforcer les mesures de contrôle à Mocoa.

M. Santos a décrété la situation d'urgence économique, sociale et écologique, nommant son ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas, en charge de la reconstruction. Celle-ci pourrait prendre jusqu'à trois ans, selon M. Villegas.

Des risques de glissements de terrain menacent 385 autres sites de Colombie, selon une étude. La catastrophe de Mocoa est la plus grave depuis celle de Salgar, qui avait fait 92 morts en mai 2015, à une centaine de kilomètres de Medellin (nord-ouest).