L'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, dénonce « les conditions inhumaines dans les prisons brésiliennes » dans son rapport mondial annuel publié jeudi, et exhorte à résoudre ce « problème urgent » après le massacre d'une centaine de détenus en une semaine.

« La surpopulation et le manque d'agents pénitentiaires empêchent tout contrôle des établissements par les autorités, laissant les détenus à la merci de la violence et des activités des factions criminelles », souligne HRW.

La semaine dernière, des règlements de compte entre factions qui se disputent le contrôle de la route de la cocaïne ont tourné au massacre dans plusieurs prisons du nord du Brésil, avec des dizaines de victimes décapitées ou éviscérées.

Le rapport cite une augmentation de 85 % du nombre de détenus de 2004 à 2014, pour un total supérieur à 622 000, un taux d'occupation de 167 % par rapport à la capacité officielle des prisons, selon les derniers chiffres du ministère de la Justice.

Pour HRW, « le facteur clé qui explique l'augmentation drastique de la population carcérale est la loi de répression du trafic de drogue de 2006, qui a durci les peines ».

L'organisation rappelle aussi que 40 % des détenus n'ont pas encore été jugés et salue la création dans certains États en 2014 d'un système d'audience préliminaire, qui permet de déterminer si l'accusé peut obtenir la liberté provisoire.

« Sans ce système, ils doivent souvent attendre plusieurs mois avant de se présenter pour la première fois devant le juge », fait valoir HRW, qui souligne l'existence d'un projet du gouvernement pour rendre ces audiences préliminaires obligatoires.

Le chapitre consacré au Brésil dans ce rapport de 687 pages dénonce aussi l'augmentation de la violence policière. Selon des chiffres de l'ONG locale Forum brésilien de sécurité publique cités par HRW, 3345 personnes ont été tuées par la police au Brésil en 2015, soit 6 % de plus qu'en 2014 et 52 % de plus qu'en 2013.