Les élections haïtiennes, dont les premiers tours en 2015 avaient été annulés, puis ont été de nouveau reportés ce mois-ci en raison de l'ouragan Matthew, se tiendront finalement les 20 novembre et 29 janvier, a annoncé vendredi le conseil électoral provisoire (CEP).

Le premier tour de la présidentielle et des législatives se tiendra le 20 novembre et le second tour le 29 janvier 2017, a détaillé Léopold Berlanger, président du CEP, dix jours après le passage destructeur de Matthew.

Selon le dernier bilan de la protection civile haïtienne, l'ouragan a causé la mort d'au moins 546 personnes.

La tempête a déclenché une nouvelle crise humanitaire dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe et plus de 175 500 Haïtiens sinistrés sont encore aujourd'hui réfugiés dans des abris provisoires. Au moins 1,4 million de personnes, sur une population nationale estimée à 10,3 millions, ont besoin d'une assistance d'urgence, avait relevé lundi Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU.

Toute la partie méridionale du pays a été noyée sous des pluies diluviennes et secouée par des vents très violents, pendant de longues heures. Matthew était alors en catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson, avec des vents de 230 km/h.

Face aux importantes destructions, le CEP se trouve aujourd'hui devant la difficulté de trouver, dans la moitié sud du pays, des sites capables de servir de bureaux de vote.

«Si le conseil a la responsabilité de faire les élections pour les citoyens du pays, il ne peut pas (...) ne faire des élections que là où il n'y a pas de problèmes», a expliqué Léopold Berlanger. «L'élection doit être faite pour tout le monde, surtout quand il s'agit d'une élection présidentielle», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

«Dans les zones affectées, 30% de ces bâtiments (qui devaient être utilisés comme centre de vote) sont partiellement endommagés ou partiellement détruits et, dans certains cas, ils ne sont pas même accessibles», a précisé Léopold Berlanger. «Des routes secondaires et tertiaires sont toujours endommagées, bloquées par l'eau ou les arbres tombés et ce sont des routes dont nous avons besoin pour amener le matériel électoral».

Papiers d'identité perdus

Nombre de citoyens des régions affectées ont perdu non seulement leur maison et leurs plantations agricoles, unique source de revenus pour les familles rurales défavorisées, mais également tous leurs documents administratifs.

Or la carte d'identification nationale est un document indispensable pour voter: le ministère de l'Intérieur a mis à la disposition des personnes affectées deux lignes téléphoniques pour faciliter la production de nouvelles cartes d'ici la fin du mois d'octobre.

Le CEP a également estimé qu'il serait impossible de tenir des élections avant le mois de novembre en raison de l'indisponibilité actuelle des forces de l'ordre.

«Les troupes (de la police nationale d'Haïti) sont aujourd'hui intensément déployées pour la distribution de l'aide et la surveillance et la sécurité des routes pour les convois humanitaires», a tenu à rappeler Léopold Berlanger.

Dix jours après le passage ravageur de l'ouragan sur Haïti, la colère montait chez certains habitants des zones isolées: plusieurs convois humanitaires ont été bloqués par des barricades et, dans quelques cas, pillés sur la route nationale traversant la péninsule sud.

Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis la publication des résultats du premier tour du scrutin présidentiel qui s'est tenu il y a un an, le 25 octobre 2015.

Face aux contestations de l'opposition de l'époque et après un rapport de la Commission d'évaluation électorale, concluant que le scrutin avait été émaillé de «fraudes massives», les autorités ont décidé d'annuler le vote et de reprendre à zéro l'élection présidentielle.

Les deux tours de scrutin avaient alors été programmés pour le 9 octobre et 8 janvier 2017, avant que Matthew ne retarde à nouveau l'échéance électorale.