Une audience s'est déroulée lundi devant un juge mexicain afin de décider si le baron de la drogue Joaquin «El Chapo» Guzman pouvait être extradé vers les États-Unis, mais aucun jugement n'a été rendu pour le moment.

«Il faut attendre. Il n'y a pas de décision», a commenté à la sortie de cette audience de moins de deux heures l'un des avocats du trafiquant, Andres Granados.

Le juge va étudier le dossier et prendra ultérieurement sa décision, a dit l'avocat devant les journalistes.

«Si elle ne nous est pas favorable, nous demanderons un réexamen» de l'affaire par une juridiction supérieure, a prévenu Me Granados.

Une source auprès du gouvernement américain a déclaré à l'AFP que cela pourrait prendre 15 jours avant que le jugement ne soit rendu. Selon Me Granados, ce délai pourrait aller jusqu'à deux mois.

Si le juge autorise l'extradition, M. Guzman aura dix jours pour faire appel auprès d'une juridiction supérieure qui pourrait ne rendre son jugement qu'après plusieurs semaines, a expliqué l'avocat qui prévient qu'il saisira ensuite la Cour suprême si nécessaire.

M. Guzman pourrait être extradé d'ici à la fin d'année vers les États-Unis, selon la source anonyme auprès du gouvernement américain. Il y est poursuivi notamment pour meurtre et trafic de drogue par des tribunaux du Texas et de Californie.

«El Chapo» avait été arrêté en février 2014 après une fuite de 13 ans, mais était parvenu à s'échapper en juillet 2015 de manière rocambolesque, par un tunnel d'un kilomètre et demi, d'une prison de haute sécurité près de Mexico.

Après son arrestation en janvier 2016, dans son fief de Sinaloa, dans le nord-ouest du Mexique, il était retourné dans la même prison d'Altiplano.

Il avait ensuite été transféré en mai vers la prison de la ville de Ciudad Juárez, à proximité de la frontière américaine, où une guerre entre son cartel et un gang rival a provoqué de nombreuses violences.

Selon Me Refugio Rodriguez, un autre avocat de M. Guzman, sa santé s'est «beaucoup détériorée» en prison : «Il va mal. Il est isolé. Il a perdu beaucoup de cheveux, car il prend beaucoup de médicaments. Il vit dans un stress permanent».

L'avocat a comparé sur Radio Formula le traitement réservé au chef du cartel de Sinaloa à de la torture. Le gouvernement a rejeté ses accusations, tout en précisant qu'il avait dû renforcer la sécurité autour de M. Guzman après ses deux précédentes évasions.

Le président mexicain Peña Nieto a longtemps rejeté l'idée d'extrader «El Chapo» vers les États-Unis, préférant le juger sur place, mais la spectaculaire évasion de ce baron de la drogue a changé la donne, en infligeant un sérieux camouflet aux autorités.

Après l'arrestation du fugitif au terme de six mois de cavale, M. Nieto avait demandé aux autorités judiciaires d'accélérer le processus d'extradition.