Les chefs des Farc sont apparus très optimistes dimanche, au deuxième jour de la Conférence nationale de la guérilla qui doit ratifier la paix avec le gouvernement de Colombie, l'un d'eux qualifiant cet événement inédit de «succès extraordinaire».

«Tout avance le vent en poupe. La conférence s'avère être un succès extraordinaire», a déclaré Ivan Marquez, dirigeant de la délégation des Farc qui a conclu le 24 août des accords avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos, pour mettre fin à 52 ans de conflit armé.

«Nous nous préparons pour la cérémonie de Carthagène des Indes (...) Nous allons signer là bas l'accord final de paix», a-t-il déclaré lors d'un point presse au deuxième jour de cette Xe conférence des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), réunie jusqu'au 23 septembre à El Diamante, dans les Llanos del Yari, au coeur du Caguan (sud-est), fief historique de la rébellion.

Marquez, membre du secrétariat, l'instance dirigeante des Farc, a précisé que la première journée des débats, tenus à huis clos, avait été consacrée la veille à un rappel du contenu des accords, négociés pendant presque quatre ans à Cuba pour mettre fin à une guerre fratricide qui ravagé le pays.

Quelque 200 délégués, dont l'état-major de la guérilla, ainsi que les représentants de la base participent à la conférence.

«Appui total» pour la paix

Avant d'entamer leur session quotidienne dimanche matin, tous semblaient détendus. Aucun n'était en uniforme, la plupart portaient le T-shirt blanc au logo de la «Xe Conférence nationale guérillera».

Le commandant en chef des Farc, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez ou Timochenko, arborait un polo blanc à l'image de l'icône révolutionnaire Che Guevara.

«Nous sentons un soutien très fort à tout le travail que nous avons réalisé à La Havane», a affirmé Marquez, écartant implicitement les rumeurs de dissidences au sein de la plus importante guérilla de Colombie, issue en 1964 d'une insurrection paysanne et qui compte encore quelque 7.500 combattants armés.

«Les Farc sont pour la paix. Les Farc pensent à se convertir en un mouvement politique légal», a-t-il poursuivi, précisant le nom» du futur parti n'avait pas encore été défini, mais que la conférence prenait note des «propositions qui parviennent de tous les fronts guérilleros.»

Il a salué le «geste de confiance, de bonne volonté du président Santos», suite à l'élargissement provisoire de 24 guérilleros emprisonnés afin qu'ils participent à cet événement historique, organisé pour la première fois avec l'aval du gouvernement et en présence des médias. «Nous sommes très contents», a ajouté Marquez.

«La guerre n'a jamais été une solution»

L'un de ces détenus chaloupait samedi soir sur le rythme reggae du groupe colombien Alerta Kamarada, qui a scandé «Unis pour la paix» sous les applaudissements des rebelles ayant troqué leur traditionnel débardeur vert olive pour un blanc.

Hermides Linares, 39 ans, dont 26 dans les rangs des Farc et quatre derrière les barreaux, l'accord de paix «est une victoire, car pour nous la guerre n'a jamais été la solution».

«Nous comptons sur le gouvernement et sur la communauté internationale, a-t-il indiqué à l'AFP, pour qu'ils nous soutiennent en nous donnant les garanties de sécurité», prévues pour les guérilleros qui vont se démobiliser.

Le conflit armé a, au fil des décennies, impliqué plusieurs guérillas d'extrême gauche, des paramilitaires d'extrême droite et les forces armées, faisant au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

À la sortie de la tente blanche faisant office de salle de presse, Marquez était attendu par des familles des environs. Tout sourire, il a embrassé les enfants. Puis il a rejoint le bâtiment de briques construit par les guérilleros pour les débats, dans cette vaste plaine d'El Diamante sur laquelle s'élèvent aussi restaurants, aires de camping et une immense scène qui accueille des concerts chaque soir.

Si la conférence lui en donne le feu vert, Timochenko signera la paix avec le président Santos le 26 septembre à Carthagène, sur la côte caraïbe. Les accords n'entreront toutefois en vigueur qu'une fois approuvés aussi par les électeurs, lors d'un référendum le 2 octobre.