La production de cannabis à usage récréatif en Uruguay, sous tutelle de l'État, ne suffira pas à couvrir la demande, a prévenu mardi le gouvernement du pays sud-américain, qui a adopté une loi pionnière de légalisation de la drogue douce.

«Ce qui est certain c'est que (la production) ne couvre pas la demande qui existe théoriquement, selon les enquêtes d'opinion», ces dernières montrant «une demande beaucoup plus élevée», a déclaré à la chaîne Canal 4 le secrétaire adjoint du cabinet présidentiel, Juan Andrés Roballo.

La vente via les pharmacies semble prête à démarrer : «La quantité de pharmacies ayant manifesté leur volonté de vendre de la marijuana et la capacité productive que possèdent aujourd'hui les entreprises (qui la produisent pour l'État, ndlr) sont sensiblement les mêmes», selon M. Roballo.

Il s'agit du troisième volet, longtemps repoussé, de la loi polémique et unique au monde votée fin 2013 en Uruguay, dont les deux premiers - la culture de cannabis pour la consommation personnelle ou au sein d'un club - ont déjà été mis en pratique.

Pour sa mise en oeuvre, le gouvernement de gauche ouvrira bientôt le registre des consommateurs de cannabis : seules les personnes enregistrées pourront acheter la drogue en pharmacie, dans la limite de 40 grammes par mois, et pour cela il faudra être Uruguayen ou résider en Uruguay depuis au moins deux ans, un dispositif qui exclut donc les touristes étrangers.

Plusieurs entreprises privées, sélectionnées par appel d'offres, produisent actuellement la drogue douce sur des terrains publics surveillés par l'État, en vue de leur prochaine distribution légale.

En octobre 2015, les autorités uruguayennes disaient vouloir produire six à dix tonnes de cannabis par an, tablant alors sur «un marché de 160 000 Uruguayens consommateurs fréquents ou réguliers» dans un pays de 3 millions d'habitants, avec un tarif de 1,40 dollar le gramme.

Le gouvernement percevra 10% à 13% des recettes issues de la commercialisation du cannabis, auxquels s'ajoutera le prix des licences payées par les entreprises productrices.

Cette loi unique au monde, qui avait suscité un fort intérêt médiatique international à son approbation, vise notamment à lutter contre le narcotrafic tout en garantissant un accès sécurisé et de qualité à cette drogue douce.