Les autorités cubaines souhaitent que le président américain Barack Obama exploite «au maximum» ses prérogatives pendant les six derniers mois de son mandat pour «rendre irréversible» le rapprochement entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide.

Dans un entretien publié mercredi par le quotidien officiel Granma, Josefina Vidal, chargée de conduire les négociations avec les États-Unis, a lancé un nouvel appel au président américain pour qu'il allège davantage les restrictions de l'embargo économique et financier imposé à l'île depuis 1962.

Elle a souligné que pour Cuba il était important que «le président américain fasse usage au maximum de ses prérogatives exécutives pour continuer à introduire des changements dans la politique, contribuant ainsi à la continuité du processus actuel».

M. Obama «peut faire beaucoup pour rendre irréversible le processus» de rapprochement, a ajouté la responsable à l'occasion du premier anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Mme Vidal a aussi souhaité que «le prochain président, quel qu'il soit» appuie «la politique actuelle» vis-à-vis du pays communiste après janvier 2017.

Depuis l'annonce-choc de leur rapprochement fin 2014, les deux pays sont parvenus à concrétiser quelques avancées.

Washington a retiré Cuba de sa liste des pays soutenant le terrorisme, ouvrant la voie à la reprise officielle des relations entre les ex-ennemis, le 20 juillet 2015.

Depuis, La Havane et Washington ont notamment rétabli un service postal direct, les hôteliers et croisiéristes américains ont commencé à revenir à Cuba, et les liaisons aériennes régulières entre les deux pays doivent être rétablies dans les prochains mois.

La levée de l'embargo dépend du Congrès, mais la Maison-Blanche a pris une série de mesures pour l'assouplir dans la limite des prérogatives présidentielles. Des progrès insuffisants selon La Havane.

«Ils continuent à bloquer nos transactions financières, nous bloquent des paiements (...) ils nous refusent tous types de services, y compris pour nos missions diplomatiques et bureaux à l'étranger, et les banques et entités étrangères qui ont des relations avec notre pays continuent d'être pénalisés par des amendes», regrette Mme Vidal.

Par ailleurs, elle a rappelé que la Maison-Blanche n'avait toujours pas rendu effective la possibilité pour Cuba d'utiliser le dollar dans ses transactions internationales, pourtant promise en mars avant la visite historique de Barack Obama sur l'île.

En écho aux déclarations la veille du chargé d'affaires américain à La Havane Jeffrey DeLaurentis, Mme Vidal prévoit que la normalisation entre les deux pays sera «longue et complexe».

«Mais nous allons persister comme nous l'avons toujours fait», a-t-elle assuré.