La présidente suspendue du Brésil, Dilma Rousseff, dit avoir l'intention de tenir un référendum national sur sa présidence si elle survit aux procédures de destitution qui pèsent contre elle.

Le procès dont la présidente brésilienne fait l'objet au Sénat devrait se conclure au mois d'août. Dans une entrevue diffusée par la chaîne de télévision publique TV Brasil, jeudi soir, Mme Rousseff a déclaré que les Brésiliens devraient être « consultés » sur l'avenir, et ce, même si le Sénat ne la suspend pas définitivement du pouvoir.

Un tel verdict du Sénat pourrait entraîner le pays dans une élection présidentielle anticipée. Dilma Rousseff a été destituée et suspendue le 12 mai. Elle est soupçonnée d'avoir eu recours à des manipulations comptables pour cacher d'importants déficits dans le budget fédéral. Mme Rousseff a nié à plusieurs reprises avoir commis de telles malversations.

« Étant donné le degré de contradiction entre les différents acteurs politiques de ce pays, il est nécessaire de faire appel à la population », a fait valoir l'élue écartée de ses fonctions.

« Je crois que ce pourrait être une sorte de plébiscite, a-t-elle ajouté. Je ne dévoilerai pas de menu complet, mais c'est une possibilité vivement débattue. »

Tant des législateurs qui se portent à la défense de Dilma Rousseff que les autres qui appuient le président intérimaire Michel Temer demandent que des élections soient organisées pour résoudre la crise politique nationale.

Les deux politiciens devraient d'abord, pour ce faire, renoncer à leurs fonctions ou être suspendus avant la fin de l'année.

Autrement, conformément à la loi, le Congrès choisirait un président pour compléter la seconde moitié du mandat de quatre ans de Mme Rousseff, qui prendra fin en 2018.

Les partisans du président par intérim ont toutefois rejeté le recours à un nouveau scrutin présidentiel.

La proposition de Dilma Rousseff survient alors qu'un nombre grandissant de sénateurs se disent indécis sur leur vote en vue du procès.

Successeur aussi impopulaire

Après à peine un mois d'exercice du pouvoir, Michel Temer est devenu aussi impopulaire que Dilma Rousseff. Le président intérimaire a été ébranlé par la diffusion d'une série d'enregistrements audio incriminants, le retrait abrupt de deux ministres visés par des enquêtes sur la corruption ainsi que les allégations qui collent à la peau d'autres membres de son gouvernement par intérim. Michel Temer avait par ailleurs été critiqué pour avoir constitué un cabinet entièrement composé d'hommes blancs.

Avant même qu'il ne prenne les rênes de la présidence, 58% de la population souhaitait voir le politicien destitué, selon un sondage réalisé en avril par Datafolha. Dilma Rousseff ralliait pour sa part 61% d'insatisfaits réclamant qu'elle soit écartée du pouvoir.

La présidente suspendue a rencontré vendredi son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva à Sao Paulo. Elle était par ailleurs attendue à une manifestation antidestitution dans la plus grande ville brésilienne, mais elle a finalement décidé de rentrer à Brasilia pour s'entretenir avec des sénateurs.